Rwanda: pour les 15 ans du génocide, Kagame exhorte les rescapés à aller de l’avant.

AFP

07/04/09

 

president_p._kagame.jpgLe président rwandais Paul Kagame a exhorté mardi, en commémorant le 15ème anniversaire du génocide de 1994, les rescapés à "regarder devant eux" et à "bâtir l'avenir du pays", tout en accusant la communauté internationale d'avoir échoué à protéger des milliers de personnes.

Environ 20.000 personnes, dont de nombreux rescapés, ont pris part à la cérémonie organisée dans un lieu hautement symbolique: la colline de Nyanza, à Kigali, où environ 5.000 personnes qui s'y étaient réfugiées furent massacrées le 11 avril 1994 après le retrait du contingent belge de la Mission des Nations unies au Rwanda (Minuar) qui les protégeaient contre les tueurs.

Le gouvernement belge avait décidé de rapatrier ses troupes de la Minuar après que 10 de ses paracommandos eurent été tués le 7 avril 1994 par des éléments de l'armée régulière rwandaise.

"Lorsque vous vous souvenez de ce qui s'est passé, cela ne doit pas vous faire oublier une autre obligation, celle de regarder devant vous", a déclaré M. Kagame à l'adresse des rescapés.

"Nous devons continuer à bâtir notre avenir", a-t-il dit. "Ceux qui ont avoué leur rôle (dans le génocide) et demandé pardon, ont également choisi de regarder devant eux".

Le génocide, perpétré d'avril à juillet 1994 par des extrémistes hutu, a fait, selon l'ONU, environ 800.000 morts parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés. Kigali estime à au moins un million le nombre de victimes.

Une atmosphère de recueillement, sans démonstration publique de tristesse ou de colère, a prévalu lors de cette cérémonie. Rassemblée devant le mémorial érigé à la mémoire des victimes à Nyanza, l'assistance a écouté un prêtre catholique lire une prière, puis des chorales d'enfants chanter "l'espoir" pour l'avenir.

Un cercueil contenant les restes d'une victime des massacres de 1994 avait été disposé devant le monument, avant d'être inhumé au milieu des autres tombes.

Dans son discours, M. Kagame a également fustigé la "lâcheté" de la communauté internationale qui a selon lui "abandonné" les 5.000 personnes tuées à Nyanza après le retrait du contingent belge.

"Nous ne sommes pas comme ceux qui ont abandonné les personnes qu'ils étaient venus protéger. Ils les ont laissées se faire tuer, ne sont-ils pas coupables?", a-t-il lancé. "Je pense que c'est aussi de la lâcheté. Ils sont partis avant même qu'un seul coup de feu ne soit tiré".

Vénuste Karasira, l'un des rescapés de Nyanza, a raconté comment "le 11 avril, les gens de la Minuar ont commencé à plier bagages (…) Nous étions sûrs que leur départ allait sceller notre mort".

"Les Interahamwe (miliciens extrémistes hutu) nous ont encerclés. Ils ont ouvert le feu et lancé des grenades, nous étions tous couchés dans le sang. J'étais couché au milieu de cadavres, couvert de sang et de morceaux de chair. Ils m'ont cru mort".

A New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rappelé que "la prévention des génocides est une responsabilité collective". "C'est seulement en nous montrant à la hauteur de ce défi que nous pourrons égaler la détermination des survivants et honorer la mémoire de ceux qui sont morts au Rwanda il y a 15 ans", a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a jugé lui que la communauté internationale avait le "devoir" de punir les coupables.

La prise du pouvoir à Kigali par l'ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) majoritairement tutsi, dirigée par M. Kagame, avait mis fin au génocide.

A la fin de la cérémonie, les participants ont défilé devant le monument pour un dernier hommage aux victimes de Nyanza. Mardi soir, une veillée funèbre était prévue dans le plus grand stade de Kigali.

 

 

 

© 2009 AFP

Leave a Reply