Rwanda: Quelle voie de sortie pour la “victorieuse” Ingabire ?

Ange Michel Murangwa

muramliz@yahoo.com  

 

13/04/10 

 

Sans la haine qui se lisait sur un visage déjà peu avenant, le discours-hommage aux victimes du Génocide Tutsi eut été parfait, trop parfait quand bien même le cœur n’y était visiblement pas. Mme Ingabire s’est posée en avocate intransigeante contre les attaques encore menés par les coupables du Génocide à l’encontre des rescapés. La voila en contradiction avec les discours de son parti.

 

Elle a oublié les « Victimes Hutus »  qui constituaient la pierre angulaire de son combat contre le Régime FPR.  Sans avoir jamais contribuée de quelque manière que ce soit à soulager les rescapés du génocide, elle s’est montrée brusquement très compatissante pour accuser les institutions qui « détournent les aides aux rescapés » Voila une information qui intéresserait au plus haut point la Justice Rwandaise…

Pendant que Madame Ingabire jouait brillamment à la Présidente, le Vice président du FDU-Inkingi tenait à Lyon un tout autre langage, un langage de plus incendiaire au nom du Comite de Soutien à Ingabire…  

En réaction du FDU-Inkingi au discours du Président Kagamé, Monsieur Eugene Ndahayo commence par faire un procès d’intention au régime au pouvoir qui tenterait de condamner la Présidente des FDU-Inkingi à la prison à perpétuité… Reviennent ensuite l’habituel litanie des accusations contre Kagamé ; L’assassinat du Président Habyarimana, Les massacres de Kibeho, de Mugunga et de Kisangani, les attentats contre le Colonel Lizinde, Seth Sendanshonga… En des termes profondément insultants contre le Président de la République « Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire », le vice président défend au mieux le génocidaire Ntawangundi dont les fonctions au sein du FDU étaient pourtant reconnus par la Présidente.  

Quousque tandem…  

La riposte attendue de Kigali tarde sans doute à venir pour les manipulateurs qui s’agitent à l’ombre. Tout démontre à suffisance que ceux-ci tiennent mordicus à voir Umuhoza dans les geôles de Kagamé. Les prétextes pour ce faire n’ont pas manqués et ne manqueront pas. Mais comme nous le disions, il y a quelques semaines, Kagamé ne leur fera pas un cadeau en auréolant Ingabire. Il n’est pas faiseur de martyre.  

Mme Umuhoza ne sera pas toutefois à l’abri des plaintes de ceux qui se sentent ou se sentiront lésés par ses déclarations. Elle pourrait à tout instant être traduite en justice par la très puissante Association des Rescapés du Génocide qu’elle accuse de détournement. Le contraire surprendrait.  

Beaucoup des rescapés se demandent déjà à quel titre elle s’érige en leur défenderesse. « Elle est très mal placée pour ce faire » déclare Umuliza, une rescapée de Butare « Surukundo, wagirango arashaka kuturya » renchérit Kayonga qui a perdu deux bras à a la Paroisse Sainte Anne de Kigali.  

Sur le plan politique, il s’avère que le FDU-Inkingi n'est pas la plate forme-parti que Mme Umuhoza présentait à l’opinion internationale. Le FDU ne serait qu’un crachoir des génocidaires et autres aigris qui n’osent pas montrer leur visage. Il serait particulièrement ardu de citer les noms d’une douzaine de personnes qui militeraient au sein de ce parti-bidon qui par ailleurs ne remplit aucune condition d’éligibilité ni au Rwanda, ni partout ailleurs.  

Il est toujours patent de constater que les criminels finissent toujours par se dénoncer d’une façon ou d’une autre  ou tout simplement par révéler leur cache. Les génocidaires qui ont jusque ici pu échapper à la Justice avaient tout intérêt à se cacher. Ils font trop des bruits pendant que le soutien dont ils jouissaient s’évapore.  

Kagamé a déjà la tache difficile d’imposer une cohabitation heureuse entre les génocidaires repentis et leurs victimes. La goutte d’eau qui ferait déborder le vase serait l’acceptation dans la sphère de la politique Rwandaise des génocidaires ou sympathisants génocidaires qui exigent l’oubli total sans aucun geste de contrition de leur part.  

Autant il eut été impossible aux refugiés de 1959 de composer avec les Kayibanda, autant il est difficile de composer avec cette génération d’individus qui ont perdu des prérogatives qu’ils n’entendaient pas eux même partager. Le fait de replacer quelques ex-dignitaires à des postes de responsabilités à Kigali s’est toujours avéré comme étant une dangereuse et inutile expérience. Leur place était déjà dans les prisons ou ils finissent par être conduit.  

Il est grand temps que le Rwanda cesse de se voiler la face ou de voiler la face du monde.  

La vraie démocratie ne pourrait se concevoir dans un pays des victimes et des bourreaux. Soit le bourreau est le plus fort et tue, soit la victime est plus forte et se venge !  

La vrai démocratie appartiendra à une jeune génération sans victimes ni tueurs, une génération de Rwandais qui aura appris à vivre dans l’harmonie.  

Peu importe qu’il soit trop mince ou peu souriant, qu’on l’aime ou ne l’aime pas, Kagamé et ses boys se sont montrés aptes à gérer l’impossible cohabitation de l’après génocide.  

Tout changement qui interviendrait à ce moment serait brutal et conduirait le Rwanda à la case départ.  

Personne ne devrait le souhaiter.  

 

© VirungaNews

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