Rwanda: Un témoin-clé dans le procès de Ntuyahaga dans le coma

Jeune Afrique

14/05/07

 

major_bernard_ntuyahaga.jpgLe major Clément Nubaha, témoin-clé dans le procès de Bernard Ntuyahaga devant la cour d’Assises de Bruxelles, est tombé gravement malade, il est dans le coma, a-t- on appris jeudi de source judiciaire.

Témoin à décharge ramené de Kinshasa à Bruxelles par Me Luc de Temmerman, l’avocat de Ntuyahaga, Clément Nubaha n’a pu être entendu jeudi lors de l’audience de ce procès, qui est entré dans sa troisième semaine.

Clément Nubaha était le commandant du camp Kigali où les dix paras belges avaient été ramenés dans un minibus par Bernard Ntuyahaga le matin du 7 avril 1994.

Les soldats belges furent par la suite massacrés, alors que Ntuyahaga avait déjà quitté les lieux, selon la version présentée par l’accusé.

Au cours de l’audience de jeudi, les enquêteurs entendus par le jury ont tous confondu l’accusé qui aurait fait des déclarations contradictoires, selon qu’il était devant le Tribunal pénal international (TPIR) à Arusha (Tanzanie), ou devant la cour d’Assises de Bruxelles.

Avant d’être extradé en Belgique en 2004 à la demande de la justice belge, Bernard Ntuyahaga se trouvait en Tanzanie où il fut arrêté pour séjour illégal. Déféré devant le TPIR, il fut entendu avant d’être disculpé et remis en liberté.

Un des enquêteurs entendu jeudi s’est étonné que Ntuyahaga ait embarqué les paras dans son minibus alors que ceux-ci disposaient de leurs propres véhicules équipés de matériels de télécommunication, rappelant que les soldats belges sont arrivés au camp Kigali complètement désarmés.

Ntuyahaga nie catégoriquement avoir participé au massacre de casques bleus belges.

Toutefois, un auditeur militaire belge ayant enquêté sur cette affaire jusqu’en 1995, avant d’être mis à la retraite, a émis des doutes sur l’implication de Ntuyahaga dans le massacre des paras belges, affirmant devant les juges qu’il n’avait recueilli aucun élément sur l’implication de celui-ci dans la mort des 10 casques bleus.

"Je n’ai pas pu établir des présomptions graves contre l’accusé", a affirmé l’auditeur et "je n’ai jamais pu savoir s’il a simplement contemplé le carnage".

Le procès devrait se poursuivre jusqu’au mois de juin. Rien n’indique jusqu’à présent si la cour d’Assises de Bruxelles pourra élucider les circonstances dans lesquelles les paras ont été assassinés.

Selon des sources proches du dossier, si Bernard Ntuyahaga est jugé non coupable, il aurait toutefois intérêt à être maintenu en prison parce sa vie serait en danger s’il était mis en liberté.

Les médecins qui soignent Clément Nubaha, tombé subitement dans le coma, réservent leur pronostic. On ignore s’il a été victime d’un empoisonnement.

 

 

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