RDC: l’ONU devra “assumer les conséquences” de son soutien à l’armée (Nkunda)

AFP

23/11/07

 

nkunda.jpgLe chef rebelle Laurent Nkunda a accusé la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) d'avoir pris le parti de l'armée régulière dans sa "guerre" contre ses troupes et prévenu qu'elle devrait en "assumer les conséquences", dans un communiqué parvenu vendredi à l'AFP.

 

"La Monuc, jusque là perçue comme garante de la paix et du droit international dans notre pays et à ce titre facilitateur dans les conflits armés entre congolais, a pris la grave décision de prendre fait et cause pour les FARDC (Forces armées de RDC) en guerre contre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP)", écrit Laurent Nkunda, chef de ce mouvement politico-militaire.

Depuis la fin août, le Nord-Kivu est le théâtre d'affrontements entre les FARDC, qui y ont massé environ 20.000 hommes, et quelque 4.000 soldats insurgés ralliés à Nkunda, qui accuse l'armée régulière d'être appuyée par des rebelles hutus rwandais génocidaires.

"Le CNDP prend acte du choix délibéré de la Monuc d'être belligérante aux côtés des FARDC et des (rebelles hutus rwandais) ex-FAR/Interahamwe", poursuit l'ex-officier tutsi congolais.

"La Monuc devra désormais assumer pleinement toutes les conséquences qui résulteront de ce choix", prévient Nkunda, visé depuis 2005 par un mandat d'arrêt pour crimes de guerre.

Mercredi soir, le chef de l'armée congolaise, le général Dieudonné Kayembe, et le commandant de la force de la Monuc, le général Babacar Gaye, ont annoncé la préparation d'opérations militaires pour désarmer de force les insurgés au Nord-Kivu (est).

"Toutes les voies pacifiques ont été explorées et nous allons passer à une phase de contrainte", a expliqué le général Gaye, tandis que le général Kayembe a annoncé un "plan pour l'usage de la force", sans toutefois fixer d'échéance.

Nkunda assure que le CNDP "a toujours réclamé le dialogue avec le gouvernement" et déplore une "décision (…) lourde de conséquences pour la situation humanitaire" au Nord-Kivu.

Il affirme que la présence en RDC des rebelles hutus rwandais – estimés à 6.000 par l'ONU – est la "raison majeure de l'exil de la communauté tutsie dans les pays voisins" (notamment le Rwanda).

Tutsi congolais, Nkunda se pose depuis des années en défenseur de sa minorité contre ces rebelles, dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis.

Il accuse enfin les "forces coalisées" FARDC et rebelles hutus d'avoir multiplié les "provocations" pour obliger le CNDP à riposter, dans le but de "saboter l'accord conclu à Nairobi" entre Kinshasa et Kigali, où la RDC s'engageait à présenter le 1er décembre un plan contre les rebelles.

Dans ce communiqué conjoint publié le 10 novembre, Kigali s'engageait à prendre "les mesures nécessaires pour sécuriser sa frontière" et à empêcher tout soutien à un groupe armé en RDC, "en particulier de celui du chef de milice dissident Nkunda".

 

 

Agence France Presse

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