Charles Murigande, « le gouvernement de la RDC doit retirer à Nkunda les arguments de sa cause »

Radio Okapi

17/09/07

 

ministre_charles_murigande.jpgC’est une déclaration du ministre rwandais des Affaires étrangères dans une interview exclusive accordée à radio okapi. Selon lui, son pays est prêt à soutenir la formation d’une armée congolaise intégrée et républicaine. En intégralité, son interview.

Radio Okapi : Charles Murigande, bonjour…
Charles Murigande : Bonjour…

R. O. : Est-ce que le groupe de Laurent Nkunda, actuellement à l’Est de la RDC, constitue aussi une force négative ?
C. M. : Je crois qu’on peut peut-être leur appliquer cette expression dans ce sens que c’est un groupe armé qui ne fait pas partie des structures constitutionnelles chargées de maintenir la paix, la sécurité. Vous savez très bien que les seules institutions habilitées à porter les armes sont la police et l’armée. Une fois que vous opérez en dehors de ces institutions, le gouvernement vous considère comme un hors la loi et vous traite comme tel.

R. O. : Dernièrement, le président rwandais a estimé que les revendications de Laurent Nkunda sont légitimes, selon ses propres termes. Est-ce que ça ne brouille pas le travail que fait la Tripartite ?
C. M. : Ça n’a pas embrouillé le travail qu’a fait la Tripartite. Cela ne nous a pas empêché de faire un travail excellent. Je crois qu’il y a des gens qui essaient de mettre de l’huile sur le feu inutilement. Le fait qu’on dise que Nkunda trimbale des revendications légitimes ne devrait pas nécessairement mettre de l’huile sur le feu. Que Nkunda dise qu’il se bat pour protéger les populations menacées par la présence des ex-fars Interhamwe, ça c’est une revendication légitime. Peut-être le moyen qu’il utilise pour faire entendre sa voix peut nous paraître illégitime. Qu’il dise qu’il se bat pour que des conditions de sécurité soient réunies pour le retour des réfugiés qui croupissent dans les camps de réfugiés depuis 13 ans, ça c’est une revendication légitime. Peut-être les moyens qu’il utilise peuvent nous paraître illégitimes. Je crois que la question essentielle c’est que le pouvoir constitutionnellement constitué, à savoir le gouvernement légitime de la RDC, devrait se pencher sérieusement sur cette question et lui retirer les arguments qu’il utilise pour sa cause. Je crois que là doit être le fond du problème.

R. O. : Le fait que le Rwanda dise que ces revendications sont légitimes ne pourrait-il pas être interprété comme un soutien ?
C. M. : Pas du tout, je crois que c’est peut-être des gens qui ont un raisonnement, je dirais, erroné. Le Rwanda, comme beaucoup de pays, ne cesse de dire que les palestiniens ont une cause légitime. Cela ne veut pas dire que le Rwanda envoie des militaires pour combattre au côté des palestiniens, ou envoie des armes ou même un soutien financier. Le fait de reconnaître qu’une revendication est légitime n’entraîne pas nécessairement un soutien de votre part !

R. O. : Vous êtes- content que la Tripartite aboutisse à des solutions concrètes. Pensez-vous que résoudre certains problèmes de la région implique aussi d’avoir une force constituée de tous les pays de la région ?
C. M. : Vous savez, nous avons une collection de scénarios qui ont été envisagés. Nous sommes entrain d’essayer le premier scénario, à savoir celui d’aider la RDC à développer ses capacités militaires par le biais de la constitution d’une armée, pour que la RDC soit à même de faire face à ces forces négatives qui opèrent à l’Est de la RDC. Le moment venu, on pourra évaluer les résultats de ce scénario. S’il se trouve qu’on a besoin de conjuguer nos efforts de façon plus opérationnelle et que c’est acceptable par le peuple et le gouvernement congolais, peut-être qu’on en arrivera là. Mais on espère peut-être qu’on aura pas besoin d’en arriver là, qu’une armée est en phase d’être constituée et que la RDC sera à même de résoudre ses problèmes.

R. O. : Quand vous dîtes que les pays de la région doivent contribuer à ce que la RDC parachève la formation de son armée, de quelle contribution s’agit-il dans le concret ?
C. M. : D’abord, on peut peut-être commencer par un soutien moral parce que nous ne sommes pas peut-être des pays extrêmement nantis pour qu’on puisse contribuer aux coûts de la création d’une nouvelle armée. Mais, le cas échéant, si la RDC a besoin d’une contribution en terme d’entraînement militaire, je pense que les pays de la Tripartite plus ont des armées qui peuvent donner une contribution en terme d’entraînement. Peut-être aussi pouvons-nous donner une contribution en plaidant pour la cause de la RDC chaque fois que l’on parle à ces pays plus développés, ayant des moyens à leur disposition, et qu’on leur dise que, peut-être une priorité des priorités pour ramener la paix et la sécurité dans l’Est de la RDC, c’est d’aider le gouvernement de la RDC en lui fournissant des moyens financiers et matériels pour qu’il puisse créer une armée intégrée et républicaine. Je crois que c’est déjà un atout que l’on donne.

R. O. : De façon concrète, vous dîtes que le Rwanda peut être l’avocat de la RDC à l’extérieur…
C. M. : Je dis que c’est une tâche que nous nous sommes assignée. En tant que ministre des Affaires étrangères du Rwanda, je ne cesse de plaider cette cause là.

R. O. : Monsieur Charles Murigande, je vous remercie.
C. M. : Je vous remercie aussi.

 

Radio Okapi

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