COMMUNIQUE OFFICIEL DU CNDP.

CNDP

06/12/07

Le Congrès National pour la Défense du Peuple porte à la connaissance de l’opinion tant nationale qu’internationale la déclaration suivante : 

1.   Dans les combats actuels qui, dans les Territoires de Masisi et de Rutshuru, opposent l’armée gouvernementale aux forces du CNDP, il est devenu évident que, plus que tout autre, les populations civiles paient innocemment le plus lourd tribut à la guerre. Outre de nombreuses pertes en vies humaines et de blessés graves, les personnes déplacées sans aucune assistance humanitaire se chiffrent par centaines de milliers et l’on peut affirmer, sans crainte d’être contredit, que l’on se trouve déjà en présence d’une catastrophe humanitaire majeure.

2.       Le CNDP rappelle qu’au début de cette année, il avait mis la quasi-totalité de ses forces à la disposition de l’Etat-Major Général des FARDC dans un processus d’intégration de l’Armée dénommé « MIXAGE ». Celui-ci n’était qu’une étape de mise en confiance entre forces récemment sorties de la belligérance. Elle devait être suivie, au terme d’une période et de conditions convenues, d’une seconde étape consistant en la révisitation du brassage en vue de doter notre pays d’une armée digne de ce nom et pas seulement d’un conglomérat d’éléments épars rassemblés à la va-vite, sans aucune formation  technique ni civique, sans aucune logistique ni moyens de survie appropriés et uniquement voués à vivre sur le dos de la population.  

3.        Il est notoirement connu que le Président de la République Joseph KABILA KABANGE et son Gouvernement ont délibérément saboté le processus de mixage, avant d’en décréter la mise à mort, au mois de juin dernier, sous le fallacieux prétexte que sa mission première, à savoir le désarmement des forces génocidaires FDLR/ex-FAR/Interahamwe aurait occasionné le déplacement d’environ 30.000 personnes dans les Territoires de Masisi et de Rutshuru. Comme si ne suffisait pas cette complaisance coupable envers les bourreaux de notre peuple à l’Est du pays, le Chef de l’Etat ordonna aux FARDC de retourner, désormais, le canon de leurs fusils contre leurs compatriotes, leurs compagnons d’armes et leurs ex-partenaires au processus de mixage. Moyennant quoi, cette décision qui défie toute logique politique est à l’origine, dans les deux Territoires concernés, du déplacement des populations dont le nombre, en ce début du mois de décembre 2007, vient de franchir la barre inouïe de 800.000 âmes, selon les estimations les plus fiables. 

4.        Avec ce véritable drame humanitaire majeur, l’on croyait avoir atteint les limites du tolérable. Mais, c’est mal connaître le degré de nuisance de Joseph KABILA KABANGE. Dans un conflit qui l’oppose à une rébellion sans aucune intransigeance et disposée, dès l’origine, à un règlement négocié de la crise, le Commandant Suprême des FARDC vient d’oser l’inimaginable : l’utilisation massive d’un armement lourd et terriblement dévastateur qui, d’ordinaire, n’est d’usage que dans une guerre entre pays et qui, en l’occurrence, a pour seul effet d’infliger au sien propre d’énormes pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables sur les élevages, les cultures et les infrastructures.  

5.        Le peuple congolais qui vit déplacé dans le Masisi et dans le Rutshuru a un besoin urgent d’être secouru. Pour sa part, le CNDP a toujours facilité l’accès de la communauté humanitaire aux populations nécessiteuses de la partie du territoire national sous son contrôle. Par la présente, il réitère l’engagement solennel de sécuriser tout convoi humanitaire qui viendrait à circuler à travers ses zones opérationnelles. Il demande à la Communauté Internationale, par le biais de la MONUC, d’inviter le Gouvernement à en faire autant. 

6.        Le CNDP a la certitude et détient des preuves de l’utilisation par le Gouvernement KABILA des forces génocidaires FDLR/ex-FAR/Interahamwe en qualité de supplétifs et de fer de lance des FARDC. Ces forces génocidaires, avec le soutien ou la couverture de la milice extrémiste PARECO, menacent de façon particulière les populations Tutsi rapatriées du Rwanda, mais aussi toutes celles qui vivent en bonne intelligence et en cohabitation pacifique avec elles. Aussi, le CNDP ne comprend-il pas que la MONUC, qui connaît cette menace et dont la mission première en RDC est de protéger les populations civiles en danger, ait malgré tout décidé de quitter sa position de KILORIRWE, alors que visiblement les FARDC, au sein ou aux côtés desquelles se battent les FDLR et PARECO, cherchent à progresser dans cette direction. La preuve en a encore été administrée hier jeudi 06 décembre 2007, à KITSHANGA, lorsque des éléments de ces forces négatives, mobilisés par certains députés provinciaux bien identifiés et munis d’armes à feu, de gourdins et de machettes, ont tenté d’attaquer le camp des rapatriés Tutsi de KAHE et n’en ont été chassés que par l’intervention du CNDP accouru rapidement sur place.  La Force internationale devrait veiller avec le plus grand soin à éviter aux Nations Unies l’opprobre qui ne manquerait pas de résulter d’une éventuelle non assistance à population civile en danger, comme ce fut le cas dans un pays voisin du Kivu, il y a un peu plus de 13 ans. 

7.        Le CNDP constate avec la plus grande indignation que, dans la confrontation actuellement en cours en Territoires de Masisi et de Rutshuru, les forces gouvernementales ont recours à une puissance de feu absolument disproportionnée dont les premières et les plus grandes victimes sont d’abord des civils sans défense. Bien pire, le commandement opérationnel FARDC exerce envers ceux-ci un véritable chantage en les incitant à quitter leurs milieux de résidence, en territoire CNDP, sous peine de subir des bombardements intenses dont on voit bien qu’ils sont aveugles, puisqu’ils ne font pas le choix entre la population et les objectifs militaires. C’est un scandale insupportable qui doit être réprouvé par l’ensemble de la communauté internationale et empêché par la MONUC, son bras armé 

8.        En dépit des développements actuels du conflit qui opposent notre Mouvement au Gouvernement KABILA, développements qui, à l’évidence, n’incitent pas à l’optimisme,  et puisque de toutes les manières ce gouvernement ne pourra jamais venir à bout du CNDP par la seule victoire militaire, notre Mouvement persiste dans sa volonté maintes fois exprimée d’établir avec le pouvoir un dialogue franc et fraternel, en vue d’une « paix des braves », sans vainqueurs ni vaincus, avec pour seuls gagnants le peuple congolais et la démocratie. Celle qui s’exerce au profit des citoyens de la république, avec impartialité et sans exclusion aucune, celle qui tient tous les congolais pour égaux devant la loi et leur assure une égale protection des lois. L’on conviendra que nous en sommes encore bien loin sous un règne KABILA qui, déjà entre les deux tours de l’élection présidentielle et encore en juin dernier à Kinshasa, a annoncé les couleurs en écrasant dans le sang la protection rapprochée du rival malheureux. Il a ainsi signifié à tous ceux des congolais qui s’aviseraient à n’être pas d’accord avec lui ou cesseraient de plaire que, malgré les prescrits de la Constitution, spécialement l’article 30, ils n’auraient plus le choix qu’entre l’exil ou la loi de la bombe et du canon. Aucun congolais digne et patriote ne devrait le laisser faire.

                                                        

 

 

 

                                                                   Fait à BWIZA, le 06 décembre 2007

                                                                                       

                                                                                 Pour la Direction Politique, Le CHAIRMAN

 

                                                                                         Laurent NKUNDA MIHIGO

                                                                                              Général de Brigade

 

 

 

 

 

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