En route pour le premier congrès du parti, UDPS: la crise est-elle derrière nous?

Kenge Mukengeshayi

10/07/07

 

tshisekedi.jpgEtienne Tshisekedi est légèrement sorti de son étrange mutisme samedi dernier en rendant publique la décision, datée du 28 juin 2007, portant création de la commission chargée de préparer le premier congrès de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social. Il était temps, ont noté les observateurs, tant le silence prolongé du leader de l’Udps ressemblait de plus en plus à de l’indécision, alors que, pour sa part, le navire donnait l’impression de tanguer dangereusement au gré des vagues soulevées par les dernières exclusions intervenues au sein du parti.

Dans la foulée, le Président National de l’Udps a répondu aux auteurs de la motion portant désaveu du tandem Valentin Mubake-Rémy Massamba. Une motion qui a été lue, bizarrement, dans la cour même du président de l’Udps il y a plus d’une semaine et demie. Très politiquement, Etienne Tshisekedi écrit en effet à l’article 15 des dispositions transitoires et finales que le président du bureau du Comité National et le Secrétaire Général sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution de la présente décision qui entre en vigueur à la date de sa signature. Rémy Massamba, présent à la lecture de la décision, a dû apprécier la subtilité du chef du parti. De même que Aka Mantsia, l’assistant d’Etienne Tshisekedi, jusque là chef de file des opposants au couple Mubake-Massamba, obligé d’admettre publiquement devant la presse qu’il n’y avait pas de décision contraire concernant les deux cadres.
Il reste, naturellement, à savoir d’où proviendront les moyens de la préparation et de la tenue du Congrès, dans combien de temps celui-ci va se tenir, bref si les choses ne vont pas, comme on en un peu malheureusement l’habitude, traîner en longueur avec le doux et naïf espoir que le temps finira comme toujours par donner raison à son unique fille bien aimée qu’est l’UDPS.

La crise derrière nous ?
On salue unanimement à Limeté le résultat des bons offices entrepris dans des conditions psychologiques extrêmes par des bonnes volontés telles que Léon Kazumba, Bruno Tshibala, Pierre Tshimanga et Joseph Kapika. On rappelle que c’est ce travail laborieux qui a notamment permis à Valentin Mubake de convoquer vendredi 6 juillet une séance du Comité National, durant laquelle il a annoncé que tous les membres de l’Udps épinglés par la Commission autonome de discipline pouvaient désormais siéger au sein de leurs organes respectifs. Une façon bien élégante d’enterrer un litige qui commençait à menacer sérieuse l’harmonie au sein de L’UDPS.
La crise est-elle, pour autant, derrière nous? L’Udps a beaucoup donné – c’est incontestable –pour que la démocratie ait un sens dans notre pays. C’est tout aussi incontestable que les Congolais ont encore besoin de son extraordinaire sens de la lutte dans la non violence, l’abnégation et un esprit élevé de sacrifice. C’est la condition sine qua non pour que la démocratie s’installe effectivement dans notre pays et que les dirigeants ne soient pas tentés de revenir en arrière.
Il restera évidemment à celle qui demeure encore et toujours la fille aînée de l’Opposition en RDC à mieux s’organiser, à se moderniser après avoir évacué la culture des années de clandestinité, très peu adaptée à une époque et à des acteurs qui ne sont plus les mêmes. C’est une urgence. Urgence aussi, la pédagogie que devra déployer le Président National de l’Udps pour que les membres de la Commission autonome de discipline n’expriment pas publiquement leur frustration, et que la base n’ait pas le sentiment que c’est désormais le règne de l’impunité. Evidemment, il n’y a qu’Etienne Tshisekedi qui détient le charisme nécessaire pour un exercice aussi délicat. Autrement, c’est le pourrissement qui s’installe. Raison pour laquelle le leader de l’Udps doit anticiper et battre le fer quand il est encore chaud.
Il faudra, enfin, que tous ceux qui reviennent apprennent à être modestes, à se faire oublier, à ne pas verser dans la provocation, à ne pas décourager, eux qui ont pris des libertés avec la ligne officielle du parti et qui en ont parfois tiré des avantages matériels, ceux qui, au prix de plusieurs sacrifices, ont continué de croire dans l’idéal de vérité, de justice et de pureté prôné par l’Udps.

 

Le Phare

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