L’Udps d’Etienne Tshisekedi dit Niet à Ruberwa.

L'Avenir

19/04/07

tshikas.jpgLa rentrée politique de Maître Azarias Ruberwa ressemble à un coup de feu dans l’eau, tiré à bout portant. Le président du Rassemblement congolais pour la démocratie a au cours d’un point de presse tenu ce mardi 16 avril 07, appelé à la reconnaissance de son statut d’opposant et à la réconciliation avec l’Udps. * Cette espèce de reprise en mains a été très mal interprétée par l’Union pour la démocratie et le progrès social, Udps d’Etienne Tshisekedi. * Ce parti qu’on appelle « la fille aînée de l’opposition », dit non à ce qu’il appelle « une main tendue inutile » de la part du chef du Rcd. * Son Porte parole, Guy Bakuma ne voit aucun intérêt à s’allier au Rcd, une formation politique qui a fait partie intégrante du système 1+4, alors que l’Udps avait prédit que ce conglomérat de dirigeants mis en place à la faveur des négociations de Sun City, en Afrique du sud, allait échouer dans sa mission de conduire la Transition.

Le rôle de chauve souris politique sied bien aux politiciens congolais

La gestion efficace d’un Etat et le bon fonctionnement du gouvernement dépend de la cohésion de la classe politique, selon le système en place dans un pays.

A défaut pour un parti politique de remporter les élections par une majorité écrasante, la démocratie prévoit la coalition de plusieurs formations ou familles politiques ayant un idéal commun le plus souvent circonstanciel, de se constituer en cartel pour diriger un pays au terme d’un scrutin démocratique. Ils parviennent ainsi à réaliser une entente entre eux pour assurer une majorité stable au gouvernement. C’est le cas pour le gouvernement actuel de la RD Congo.

L’alliance pour la majorité présidentielle (Amp) est un ensemble de partis politiques qui avaient décidé de soutenir la candidature de l’actuel Chef de l’Etat, Joseph Kabila qui justement a amélioré son score électoral au premier tour de la présidentielle, grâce à cette coalition. L’Amp est composée de nombreux alliés dont les plus importants sont le palu du premier Ministre Gizenga et l’Udemo du Ministre d’Etat Mobutu Nzanga. Cette Alliance a réussi à mettre en place une majorité parlementaire. Les politologues disent que la stabilité d’un régime parlementaire dépend essentiellement de la maturité de la classe politique. Egalement de sa volonté de trouver des solutions.

Deux règles s’imposent à la classe politique notamment, la loi de la majorité et le respect de la minorité.« En démocratie, il est entendu que la majorité l’emporte lorsqu’il y a discussion. La minorité doit s’incliner de bon cœur, même si cela n’est pas toujours facile. C’est la règle du jeu », écrit un Docteur en Droit, Pierre de Quirini.

A voir la situation politique de l’heure au Congo, les dirigeants des partis politiques ne montrent pas leur sens élevé du civisme. Ils visent seulement leur intérêt personnel au lieu de rechercher le bien du pays. C’est ce qui explique le vagabondage des acteurs politiques de la République Démocratique du Congo, qui se fait au gré de ces intérêts personnels et au bénéfice du plus offrant.

Avec le retour de la démocratie, nombre des vagabonds politiques congolais n’ont plus tellement le vent en poupe. Il faut l’avouer, la dictature était friande de ces reniements, car elle trouvait dans cette disposition d’esprit une sorte de tendon d’Achille pour affaiblir et tourner en dérision cette opposition qui voulait l’évincer du pouvoir. La démocratie, beaucoup moins. Ainsi les uns et les autres avaient beau jeu de se jouer des intérêts du peuple congolais, en se prenant pour des chauves souris, mi animal mi oiseau. Le grand perdant de ce jeu de cache-cache, ce fut le pays et le peuple congolais. La démocratie a asséché les marais où se recrutaient les candidats au vagabondage et à la délation dans les formations politiques.

Ruberwa récusé par l’Udps, doit chercher d’autres bouées de sauvetage pour continuer à surnager à la surface Il est reconnu dans la démocratie que la majorité et l’opposition ont chacun un rôle distinct à jouer. Le rapporteur général de l’Assemblée nationale, Katenda wa Ndaya l’a déclaré dernièrement sur base de ce qui se passe entre les députés de l’opposition et de la majorité. Il se pose un problème de tendances politiques en Rd Congo. Si aux Usa il y a les républicains et les démocrates, en France il y a la Droite et la Gauche ; au Congo Démocratique règne un flou artistique persistant, qui continue à alimenter la chronique des faits divers liés aux défections et au changement incontrôlés dans le chef des acteurs politiques en quête de positionnement. C’est dans ce cadre que se trouve le président du Rcd, miné sans doute par l’inaction après plus de trois ans de faste entant que Vice président de la République.

Sa promesse d’aller prendre contact avec l’Udps d’Etienne Tshisekedi et son appel du pied en direction de ce parti, vient d’être rejetés en bloc par les cadres de cette formation politique, pour qui cela apparaît comme une insulte à leur endroit. Pour l’Udps, après avoir dîné avec le diable, le chef du Rcd se trompe en pensant huiler les lèvres des dirigeants de l’Udps comme on le ferait d’un enfant sevré. On sait très bien qu’un compromis politique trouvé entre les partis qui se regroupent ne peut contredire les options fondamentales que ces partis ont présentées à leurs électeurs.

On se rend compte que certains politiciens adhèrent seulement à la majorité pour occuper des postes ministériels, et une fois raté ce poste, ils se réclament à nouveau de l’opposition. C’est ainsi que l’opposition congolaise a torpillé le processus démocratique depuis son annonce le 24 avril 1990, par le président Mobutu.

Certains leaders politiques composaient avec Tshisekedi pour combattre Mobutu, et lorsque ce dernier leur proposait des postes ministériels, ils quittaient l’opposition et devenaient membres de la mouvance présidentielle. Lorsqu’ils perdaient encore ces postes juteux, ils revenaient à l’opposition. C’était tellement ridicule que le président actuel du Sénégal, Abdoulaye Wade a dit que les politiciens congolais n’ont pas de maturité politique. La transition a duré 17 ans à cause de la mauvaise foi et de cette versatilité de la classe politique congolaise. Les conséquences de cette époque sont encore visibles dans l’univers politique congolais de l’après guerre, en dépit du passage des élections sur les cendres de la dictature.

Aujourd’hui, les mêmes actes se répètent. Leurs auteurs veulent seulement étouffer les cinq chantiers de Joseph Kabila. Comment expliquer que le Rassemblement congolais pour la démocratie (Rcd), qui a obtenu deux postes de vice gouverneurs notamment, Trésor Kapuku au Kasaï Occidental et Deo Nkusu dans le Bas Congo pour le compte de l’Amp, puisse aujourd’hui se réclamer de l’opposition ? Prétendre rejoindre l’Opposition constitue un manque de vision politique, quand on sait que le même Ruberwa s’était déclaré prêt à travailler avec Kabila. On comprend qu’il cherchait les postes et n’en ayant pas eu à son goût, il se dérobe.

Kabila est resté catégorique et ferme. Le premier Ministre aussi. Le président du Rcd continuera dans cette hypothèse à errer comme un voyageur surpris par la nuit, sans savoir à quel Saint se vouer. Le gouvernement de la coalition doit tout faire pour réaliser les cinq chantiers du chef de l’Etat en évitant de se laisser distraire par les pressions. Car aussi longtemps que les Congolais n’auront pas goûter le miel du redressement économique, la cohésion de la classe politique mise en place après les élections restera encore fragile, les divisions seront de plus en plus profondes, les pressions des opportunistes davantage plus fortes.

Il est aussi vrai que les partis de l’opposition ont droit à la libre parole, mais faire le trafic d’influence pour obtenir un poste gouvernemental à la mesure de son ambition personnelle en hypothéquant sa dignité, est une pratique hautement irresponsable et c’est pourquoi, nous demandons à Me Ruberwa de se calmer, car l’Udps n’est pas une machine à assimiler, plutôt un rouleau compresseur qui broie impitoyablement ceux qui tentent de s’en approcher sans être en odeur de sainteté auprès du « lider maximo ».

 

 

 

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