RDC : Sans sécurité, oubliez les chantiers !

Antoinette K. Kankindi

 

Nairobi, 23/04/07

 

question_mark.pngIl est devenu très difficile de suivre ce qui se passe réellement en RDC. On a besoin d’une dose extraordinaire de patriotisme et de civisme pour, avec des tonnes de patience, écouter les déclarations des uns et des autres, lire les interprétations de la presse, pas toujours éclairantes, attendre en vain les réactions aussi bien du gouvernement que de la présidence, deux organes institutionnels adeptes au silence, attendre en vain les rapports de différentes commissions qui se créent pour faire de la lumières sur les dossiers louches comme Kahemba entre autres etc. Les dernières contradictions en date qui font saliver tout le monde viennent tout droit de la réunion  des chefs d’Etats majors à Bujumbura la semaine passée.

 

 

A chaque fois qu’il y a une réunion des pays des Grands Lacs, un regain d’espoir se profile à l’horizon. A propos de celle-ci, il y avait lieu de croire qu’avec une possible « résurrection » de la CEPGL, le problème de la sécurité serait traité de toute urgence. Car comme l’a si bien affirmé Valentin Mubake, « aujourd’hui, l’intérêt général c’est l’insécurité ». Il se demandait à juste titre, à propos des Interahamwe : « Qu’est-ce que le gouvernement en place fait de ces criminels ? 25 000 personnes qui tuent, violent et volent chaque jour. Curieusement, a-t-il noté, nous avons entendu le président de l’Assemblée nationale dire que les Interahamwe ne rentreront chez eux que lorsqu’il y aura un dialogue inter rwandais ».  Le président de l’Assemblée, qui a la réputation d’être brillant, a sans doute une idée sur la manière d’organiser un dialogue quand une des parties intéressées est absente ! 

Mr Mubake n’est pas le seul à savoir pertinemment que la sécurité est une question prioritaire. Le manque de solution pour ce problème rend impossible toute démarche pour amorcer les fameux cinq chantier du président de la République que le gouvernement semble avoir adopté dans son programme que d’aucuns ont qualifié d’une série de simples bonnes intentions, pas plus.  Les participants aux assises de Bujumbura le savent aussi et l’éradication des forces négatives ne pouvait pas manquer sur l’ordre du jour à discuter. Pas plus tard que la semaine dernière, il était encore question d’enlèvements par les FDLR à Walungu. On avait dénombré du 8 avril au 19 avril pas moins de 15 attaques différentes de ces mêmes FDLR, plus concrètement des dénommées Rasta. Et la MONUC qui semble les craindre s’était précipitée encore de proposer une négociation avec ces criminels.  

Ce qui étonne mais sans surprendre c’est la réaction congolaise au déjà fameux troisième scénario considéré lors de la réunion de Bujumbura. Pourquoi certains congolais voient de si mauvais œil une hypothétique (puisqu’ encore sur papier seulement) opération militaire conjointe des quatre pays pour déloger les LRA et les FDLR quand ils ne disent plus rien sur le drapeau angolais bâtant pavillon à Kahemba ? Qu’est-ce qui est préférable une intervention concertée diplomatiquement dans le sens d’une coopération à l’intégration régionale comme dans ce cas-ci, ou une occupation offensive comme celle de Kahemba dont tout le monde semble avoir honte de parler ?  

L’on se souvient combien de tentatives d’éradication de ces forces négatives sont demeurées lettre morte. Juste pour rafraîchir la mémoire, les chefs d’Etats du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en janvier 2005 s’étaient engagés à apporter leur assistance à la RDC pour désarmer et neutraliser les FDLR. Cet engagement n’a pas encore, deux ans après,  été honoré. Peut être les consultations sont encore en cours, mais le peuple lui continue de souffrir. En mars de la même année 2005, un accord avait été signé à Rome avec ultimatum pour ces forces de quitter le Congo au plus tard le 30 septembre. Non seulement ces forces n’ont pas quitté le pays, mais elles ont participé de manière diverse mais active aux élections de 2006 en RDC ! Qui protège le peuple pendant que tous ces engagements languissent sur papier ? Au Nord-Kivu, le CNDP malgré tout ! Et si le gouvernement congolais voulait vraiment se débarrasser des FDLR, il sait très bien où il devrait investir. Il n’y a pas de raison pour les figures publiques des nouvelles institutions démocratiquement élues de se contredire sur les micros des médias. Le temps presse et il faut se souvenir que si l’insécurité demeure, il faudra oublier les autres chantiers. En attendant il faut avoir le courage de saisir les opportunités au vol, surtout quand il s’agit de bien faire. 

 

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