Marche de soutien à Lipopo pour oncle Charles Mundele.

El Memeyi Murangwa

12/01/10 

 

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Village en détresse, Lipopo capitale de Nzadi ne ressemble à rien dans ce monde.  Sentiers défoncés par l’érosion, cases croulantes, habitants paupérisés, et clochardisés à souhait, tel est la triste image qu’offre cette ville jadis enviée par les voisins.  A la place des kiosques qui jouaient la rumba à longueur des journées, les Malewa, nouveaux restaurants (vite fait) nourrissent les passants qui faute de moyen ne savent plus faire la cuisine chez eux.  L’eau est devenue une denrée rare, ceci en contraste avec le fleuve Nzadi qui mouille l’Est de la ville dans sa course vers l’océan Atlantique, sans étancher la soif des paisibles citoyens.  Le charbon de bois  coute cher, tandis que la fourniture régulière du courant électrique ne constitue qu’un passé lointain dans cette ville qui faisait la fierté du continent.

Seule la case du Chef Ebmanak tient debout, illuminée la nuit par un groupe électrogène importé de Dubaï.  On y observe une ambiance qui contredit l’atmosphère morose de ni-guerre, ni-paix  qui se ressent dans la basse partie de la ville.  Des courtisans y font le va et vient, ressortant les poches pleines.  Ceux-ci arborent sur leurs visages un sourire que les enfants ont perdu depuis qu’ils reçoivent aux plus chanceux, un repas tous les deux jours.

Régnant en maitre absolu, Chef Ebmanak se veut au dessus de la mêlée et ne tolère aucune critique à l’ endroit de son règne sans partage.  Réprimant souvent l’opposition à l’arme lourde, ce magistrat suprême n’hésite pas à condamner à mort pasteur, avocats, activistes des droits humains, et journalistes.  Caissier et ordonnateur des dépenses de l’état, ce dictateur arrivé au pouvoir par la vacance due à un assassinat s’accapare de l’aide provenant de Poto, confisque les taxes et ne paie plus les salaires des fonctionnaires qui ne trouvant de quoi vivre, rançonnent les administrés dans chaque domaine de la vie.

Sa garde prétorienne, les Simba (Lions) loin de protéger les habitants, tuent les opposants au chef, répriment toute tentative de rébellion en semant la mort. Ceux-ci n’hésitent pas à violer les enfants, les jeunes filles, et les mères pour ainsi déshumaniser les communautés paysannes et semer la peur.

Comme Nzakomba, Dieu créateur ne dors pas, voici que les cris des mères éprouvées ont été emporté par le vent Mopepe à destination de Poto, ancienne puissance colonisatrice et trouve échos chez un oncle exceptionnel, Charles Mundele, député qui préside une commission se chargeant de l’aide au pays qui ont choisi l’autodestruction comme mode de gouvernance.

Compatissant Oncle Charles Mundele profite de la réunion des sages de Poto pour peindre un tableau réel sur la mauvaise gestion, le manque de vison et l’absence de leadership dans la classe politique de Lipopo.

« Arrêtez de jeter l’argent de l’union par la fenêtre en continuant  à entretenir un régime qui encourage l’impunité et qui se trouve loin de promouvoir un Etat de droit. » s’exclame Oncle Charles Mundele devant ses collègues parlementaires. L’assemblée applaudit  frénétiquement, les députés de l’union se mettant debout en signe de soutien à Mundele. 

Voila que même l’honorable Ebakata Louis, parrain et protecteur d’Ebmanak se gratte la tête avant de se jeter dans les bras de Mundele. Dans un point de presse, Ebakata Louis fait même allusion au cahier des charges du rebelle-montagnard de Bwiza, disant que ce dernier avait pleinement raison en révélant dans ce document phare, le disfonctionnement de l’Etat Nzadi.  Malheureusement poursuit-il nous- y avons pas fait attention.

Beaucoup comparent la situation actuelle de Nzadi au règne du chef De Banzy, chef autoritaire dont le pays exportait les matières premières sans détour et produisait nombreux produits à valeur ajoutée.

A Lipopo (ex-la belle), la population jubile et salue l’intervention de Charles Mundele qui a osé dire ce qu’aucun ne parvient à fustiger.  Profitant de l’obscurité totale dans laquelle se trouve la ville, les habitants défilent derrière leurs cases en marche de soutien en honneur à cet oncle qui rappelle bien le Ministre belge des colonies, Auguste Buisseret (1888-1965), qui tenta en vain de réorganiser la colonie.

En catimini, le Supu na Tolo (mort subite), le Nsamba, et le Lungwila coulent à flot.

Ambiance sans lendemain ! 

 

© VirungaNews

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