Nkunda reçoit Obasanjo en RDC et menace de reprendre les armes.

Par Hereward Holland

29/11/08

 

lnm_291108.jpgLe général rebelle Laurent Nkunda menace de reprendre les hostilités au Nord-Kivu si le gouvernement de Kinshasa persiste à refuser des discussions directes avec lui.

Le chef militaire tutsi, dont les hommes ont conquis une bonne partie du Nord-Kivu après avoir mis l'armée régulière en déroute, exige depuis un certain temps des pourparlers avec le président congolais Joseph Kabila.
 

"S'il n'y a pas de négociation, disons qu'il y aura alors la guerre", a déclaré Nkunda à des journalistes après avoir reçu l'émissaire spécial des Nations unies pour le conflit dans l'est de la RDC, l'ancien président nigérian Olusegun Obansanjo.

"Je pense que la bonne voie est de négocier. Je sais qu'elle (l'armée congolaise) n'a pas la capacité de se battre, donc elle n'a qu'un choix, la négociation."

Le pouvoir central exige pour sa part que le général déchu respecte l'accord de paix signé en janvier à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, par tous les groupes. Laurent Nkunda l'a, depuis, récusé en l'accusant d'être partial.

"Aujourd'hui, il (Obansanjo) a dit que Kinshasa acceptait le principe (de pourparlers), mais sans convenir d'un lieu où nous pourrions nous rencontrer", a précisé le chef rebelle.

A l'issue de la rencontre, qui a eu lieu à Jomba, village natal de Laurent Nkunda, le médiateur de l'Onu, qui avait été reçu vendredi à Kinshasa par Joseph Kabila, a déclaré: "Nous avons progressé sur le chemin de la paix".

La mission des Nations unies au Congo (Monuc) a diffusé une vidéo de leur entretien, dans laquelle on pouvait voir Obasanjo critiquer Nkunda à propos des combats, dont la prise de la ville d'Ishasha, jeudi.

"Ce qui s'est passé au cours des 14 derniers jours ne me rend pas heureux", a déclaré Obasanjo, debout devant Nkunda, assis face à une table basse.

"J'ai essayé de bâtir une relation de confiance, mais je ne reçois pas la même chose de votre part", a ajouté l'ancien président nigérian, qui a reproché au chef rebelle de l'avoir pas prévenu de ses dernières offensives. "Vous faites de moi un objet de dérision."

DES RENFORTS DE CASQUES BLEUS TROP TARD?

Obasanjo effectue sa deuxième mission en 15 jours en République démocratique du Congo afin de tenter de mettre fin au conflit qui ensanglante de nouveau l'est du pays depuis la fin août.

La trêve décrétée par Nkunda a permis l'arrêt des combats entre ses hommes et l'armée régulière et un calme relatif s'est instauré depuis deux semaines. Les rebelles tutsis affrontent cependant toujours les milices congolaises et rwandaises alliées du gouvernement, ce qui provoque un exode de milliers de réfugiés vers l'Ouganda voisin.

Les rebelles de Nkunda, membres du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), se sont emparés jeudi de la ville frontière d'Ishasha. Samedi, de nouveaux combats ont éclaté entre les hommes de Nkunda et des groupes armés près de la localité de Masisi, a fait savoir la Monuc (Mission des Nations unies au Congo).

Obasanjo, qui a déjà vu séparément Kabila et Nkunda voici près de deux semaines, a réclamé récemment la tenue de pourparlers directs entre les deux hommes pour ramener la paix. Il aurait, selon nombre d'observateurs, cédé en cela à l'une des principales exigences de la rébellion tutsie.

Or, le gouvernement de Kinshasa a de nouveau écarté cette semaine la possibilité de négociations directes avec Nkunda et les belligérants semblent toujours diverger nettement sur les moyens d'en finir avec le conflit.

L'ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, qui accompagne Obasanjo au nom des dirigeants des pays de la région des Grands Lacs, a minimisé la perspective de discussions directes, après avoir rencontré Kabila vendredi. Selon lui, de telles discussions seraient à ce stade "imprudentes".

Le Conseil de sécurité des Nations unies est convenu ce mois-ci de déployer 3.000 casques bleus supplémentaires en RDC, pour épauler les 17.000 qui s'y trouvent déjà. Mais les ONG humanitaires, qui ont fort à faire ces temps-ci pour nourrir et aider les centaines de milliers de civils hébergés dans des camps de fortune ou retranchés en brousse, craignent que ces renforts n'arrivent trop tard pour empêcher la poursuite du bain de sang.

Avec Joe Bavier à Kinshasa, version française Eric Faye, Jean-Loup Fiévet et Grégory Blachier.

 

 

Reuters

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