Poursuite des combats dans le territoire de Beni :

Le leadership politique Nande pris à son propre piège.

Vumilia Mumbere

30/07/10

 

kagame_et_nyamwisi.jpgDepuis le début des opérations Rwenzori, les populations du territoire de Beni vivent dans des tourments. Des affrontements entre ADF/Nalu et FARDC ont occasionné environ 100.000 déplacés de guerre parmi lesquels même des pygmées (une première). Des assassinats sont enregistrés aussi bien dans la ville de Beni que dans celle de Butembo dans le territoire de Lubero. Les tueurs, non autrement identifiés, sont souvent porteurs d’armes et d’uniformes FARDC. L’espace Yira (la communauté nande) est en quelque sorte victime des effets de ces affrontements.

La première surprise, c’est le mutisme dans lequel s’est plongé le leadership politique nande face aux malheurs des populations vivant dans cette partie de la RDC. En dehors de Pierre PayPay qui vient d’écrire une lettre de condoléance aux ressortissants nande, les autres, pour la plupart détenteurs du pouvoir congolais, n’ont pas bronché. Beaucoup pense qu’en plus de cette compassion exprimée à travers cette lettre de Paypay, il devrait y avoir des actions politiques : prise de position publique, interpellation du gouvernement, propositions des actions à entreprendre…

Le politique doit aller au delà des aspects émotionnels et proposer des actions à entreprendre pour la défenses des intérêts de la population.

Des grandes figures politiques nande comme l’Abbé Malumalu, Kambale Bahekwa, Mbusa Nyamwisi, Banamuhere, Jean Louis Ernest Kyaviro, Julien Kahongya et bien d’autres sont restés muets face aux massacres de leurs populations.
La seconde surprise c’est le requiem sur le phénomène mayi-mayi. L’on se demande où sont passés ces groupes qui se réclament toujours être des groupes d’autodéfense populaire dont le gros des combattants était localisé dans le grand nord Kivu. Des analystes pensent que ces mayi-mayi ont été victimes de la manipulation politique.
A force de voir l’ennemi rwandais partout, ils seraient tombés dans la manipulation politicienne en s’alliant aux forces négatives (ADF et FDLR). Sans le vouloir, ils ont ainsi joué le jeu des voisins belligérant du Congo. Etant absorbés par ces forces négatives, il leur est, dès lors, difficile de les combattre.
Ceci met mal à l’aise la diplomatie congolaise avec ses deux voisins qui considèrent les mayi-mayi comme des supplétifs des FARDC et donc faisant partie de la stratégie de la défense du pays.

Mbusa Nyamwisi dans les collimateurs de Kampala et de Kinshasa.

De manière plus ou moins incontestable, le leader politique le plus en vue sur cet espace demeure bien Mbusa Nyamwisi. En plus du lourd héritage politique lui légué par son feu frère aîné Nyamwisi Muvingi, Mbusa Nyamwisi a contrôlé, en tant que chef rebelle, cette partie du pays et donc participé aux opérations conjointes avec l’UPDF (l’armée ougandaise) pour anéantir les ADF dans le mont Rwenzori. Ceci, d’autant plus que l’Ouganda soupçonnait ses accointances avec ces rebelles ADF.
Au même moment et pour un positionnement politique au niveau national, Kinshasa va le récupérer avec intention de l’utiliser avec ses combattants pour contenir les visées expansionnistes ougandaises sur la RDC.
Ce deal va bien marcher jusqu’à l’arrivée d’un troisième invité sur la table du festin : El Shabaab.
Ce nouvel élément va mettre en mal le duo Kabila-Mbusa car allié aux ADF qui sont, non seulement installés sur le sol congolais, mais surtout liés à l’image même de Mbusa.
Avec cette nouvelle donne ce tandem court le risque  de se faire étiqueter, à tord ou à raison, comme complice du réseau terroriste tant par l’Ouganda que par la communauté internationale.
Voilà comment notre diplomatie a eu une véritable claque lors du quinzième sommet de l’Union Africaine qui a lieu dernièrement à Kampala car n’ayant pas su convaincre sur la stratégie de la RDC concernant la menace terroriste.

Kabila et Mbusa ont intérêt à jouer franc jeu avec la communauté internationale en démontrant leur engagement à combattre réellement ces rebelles ougandais qui font tant de mal aux populations congolaises.
D’aucuns pensent que ceci passerait nécessairement par une rupture des bans entre les deux partenaires car leur alliance reposait justement sur ces ADF. Les détracteurs de Mbusa Nyamwisi vont jusqu’à affirmer que ce dernier s’est confirmé politiquement par les armes et qu’ils suffit de les lui retirer pour l’anéantir politiquement. Pour leur part, les partisans de Mbusa Nyamwisi ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, leur leader est tout simplement au centre d’une cabale politique.

Les enjeux du pétrole

Le dossier pétrole est fin prêt pour l’Ouganda. Avec l’accord de Kampala, Tullow a racheté toutes les actions de Heritage Oil. Une raffinerie sera construite grâce au partenariat de la société française Totale et une firme chinoise. Le PDG de Total, Monsieur Christophe de Margerie, a séjourné discrètement, il y a un mois, pendant 24 heures  à Kampala pour finaliser le dossier avec le Président Museveni.
Ainsi, la réactivation des ADF et leur alliance avec les El Shabaab, viseraient entre autre à saboter le démarrage des travaux d’exploitation du pétrole, pense-t-on en Ouganda. Les autorités ougandaises y voient la main de Kinshasa qui ne fait aucun effort pour mettre fin aux activités de ces rebelles ougandais. Elles seraient même prêtes à mettre leurs forces en action pour poursuivre ces forces négatives sur le sol congolais : droit de poursuite oblige.
Par ailleurs, le choix de la RDC pour d’autres sociétés que Tullow  Oil en vue de l’exploitation d’un même gisement pétrolier, pourrait entraîner des frictions entre les deux pays.

S’inspirant de l’expérience de la révolte de banyamulenge de 1996 qui avait fini par se transformer en une rébellion de l’AFDL, des prophètes du malheur considèrent qu’il faut prendre au sérieux ce qui se passe actuellement dans le territoire de Beni, puisque pouvant être récupéré au fin de fragiliser le régime en place à Kinshasa. Ici encore, le nom de Mbusa revient aux lèvres des gens qui le considèrent comme un homme imprévisible. 

 

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