Rcd : le virage de Ruberwa vers l’opposition institutionnelle ne fait pas l’unanimité.

Olivier Diosso

02/05/07

caricature_de_ruberwa.jpgL’ancien vice-président de la République et président national du Rassemblement congolais pour la démocratie (Rcd), Azarias Ruberwa Manyiwa, s’est résolu de claquer la porte des alliés de la majorité présidentielle.

Il s’est, pour cela, mué en opposant au régime Kabila. Il l’a fait savoir lors du point de presse qu’il a tenu le 17 avril dernier au siège de son parti, dans la commune de la Gombe. Ce virage ne fait, toutefois, pas l’unanimité au sein du parti.

Le revirement du RCD alimente les conversations dans les salons huppés de Kinshasa. On s’interroge sur les mobiles d’une telle décision aux lendemains de l’élection des gouverneurs où, grâce aux alliances tissées avec la majorité présidentielle, ce parti a réussi à placer ses deux membres dans la direction de deux provinces. C’est notamment le cas de Déo Nkusu, le vice gouverneur du Bas-Congo.

Dans la presse locale, certains analystes estiment que le président national du RCD a profité de l’absence du pays du chef de file de l’opposition institutionnelle, Jean-Pierre Bemba, et du n° 1 de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi (leader de l’opposition non institutionnelle), pour s’affirmer à la tête de l’opposition. Question de leadership.

D’autres observateurs pensent cependant qu’Azarias Ruberwa s’est assumé. Ils soutiennent que le président national du RCD a compris que « le bateau Gouvernement » coule lentement, mais sûrement.

Pour fixer l’opinion, une fois pour toutes, l’ancien vice-président de la République est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à tourner le dos aux alliés de la majorité présidentielle, après avoir observé ce qu’il qualifie de « neutralisme positif » depuis que son parti ne se retrouve pas au sein du Gouvernement.

Dans une interview accordée le 23 avril dernier au quotidien Le Potentiel, il a évoqué notamment « le retour à la pensée unique » et « l’inefficacité du Gouvernement après plus de 60 jours ».

Le président du RCD s’inscrit en faux contre la manière de traiter les questions importantes de la vie nationale par l’Exécutif. Il a donné l’exemple du tout « premier Conseil des Ministres qui n’a duré qu’une heure » et qui n’a accouché que des mesures loin de satisfaire, dans les brefs délais, les besoins de la population.

Selon Azarias Ruberwa, le Gouvernement devait se pencher, entre autres, sur le problème crucial de transport en commun et essayer de le résoudre. Ce serait, d’après lui, l’une des « actions à impact visible et immédiat ». « La population, a-t-il déclaré, ne voit pas le Gouvernement, elle ne le sent pas ».

« L’opposition n’est pas synonyme de désordre »

Déplorant le déficit de communication au sein du Gouvernement, Azarias Ruberwa a décidé de faire son entrée dans le camp adverse et souscrit-il pour « une opposition responsable, constructive et qui a une vision ».

« Une opposition de qualité, réfléchie et systématique dans ses actions », a-t-il souligné, avant de faire remarquer que « l’opposition n’est pas synonyme de désordre ». Pour le président du RCD, l’opposition devrait, notamment, faire le suivi de l’exécution du programme du gouvernement central et, éventuellement, rappeler ce dernier à respecter ses engagements.

« Cette décision ne fait pas l’unanimité »

« Cette décision ne fait pas l’unanimité au sein du parti, du moins en ce qui concerne les cadres », a-t-il indiqué. Selon le haut cadre du parti, « tout le monde n’a pas été consulté ». « Pour le respect de la base, soutient-il, il fallait associer les délégués des organes du parti avant de prendre cette grave décision ».

Journal du Citoyen

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