Nord et sud Kivu: L’impératif d’une paix des braves.

L'Avenir

03/05/07

miliciens.jpgL’Afrique qui gagne est celle qui s’ouvre au monde extérieur et qui se pénètre par les autres, à travers les mécanismes de la mondialisation.  La République Démocratique du Congo est condamnée à vivre en harmonie avec ses voisins orientaux qui lui ont fait la guerre dans un passé récent, à l’instar des nations européennes qui ont accepté l’Allemagne dans le giron de la démocratie.

C’est pourquoi la RDC s’emploi à peaufiner des stratégies de normalisation avec ses voisins par des relations de bon voisinage, et avec ses citoyens au sein de son système politique interne. Elle a tiré les leçons de la guerre et veut expérimenter les bienfaits de la paix, base de tout développement. *Le pari est certes périlleux mais le pays espère surmonter les difficultés grâce au concours des hommes comme le Général John Numbi qui sont entrain de poser les premières pierres de l’édifice de la paix.

 

Tous les observateurs s’accordent à dire que la République Démocratique du Congo traverse une nouvelle ère politique qui a succédé aux années de tourmente que ce pays a vécu. L’époque actuelle est en opposition en tous points de vue, aux années de conflit.

 

Plusieurs enjeux économiques d’une importance cruciale font peser la balance désormais du côté de la paix sur le plan interne d’une part, et entre la RDC et tous ses voisins indistinctement d’autre part. C’est maintenant ou jamais qu’il faut faire la paix des braves notamment avec le Rwanda et l’Ouganda, si les dirigeants de ces pays veulent prétendre un jour graver leurs noms dans les annales, comme ceux dont la vision politique a amené le développement dans la région des Grands lacs.

Il ne faut pas cracher sur ceux qui vont au bout de leurs idéaux de paix

 

En République Démocratique du Congo pays qui n’a pas cessé de panser les blessures de plus de cinq années de guerre, les passions ne sont pas près d’être dissipées. Toutes les tribunes sont bonnes pour bombarder l’opinion des discours incendiaires qui aggravent inutilement les tensions sans apporter de solution à la crise. Au milieu de cette hystérie guerrière se trouvent des hommes qui oeuvrent dans l’ombre, sans chercher outre mesure la gloire des hommes politiques. Cette race inconnue et rare d’hommes qui militent pour une paix durable dans un pays qui cultive le fétichisme des discours d’éclats, est symbolisée par le Général John Numbi des forces aériennes nationales. Cet officier supérieur des Fardc a pris des risques énormes dont il aurait pu se dispenser en allant négocier la paix au nord Kivu, à un moment où ses collègues dans les forces armées préféraient louvoyer.

 

Muni de ses convictions politiques et de son seul courage de soldat qui a juré de faire le sacrifice de sa vie au nom de son pays, le Général John Numbi est depuis longtemps le négociateur attitré du gouvernement de la République dans les tractations qui ont lieu avec le Général insurgé N’kundabatware.

 

Dans cette mission périlleuse, le courageux soldat n’a comme dispositif sécuritaire autour de sa personne qu’un garde du corps, en tout et pour tout. Ce dire à quel point l’homme est allé se jeter dans la gueule du loup. En dépit de ce sang froid légendaire et du succès qu’il semble remporter dans sa mission, John Numbi n’est pas apprécié à sa juste valeur par certains de ses compatriotes, qui voient en lui un téméraire et un traître en puissance. Certes un Prophète n’est jamais adulé dans sa patrie, mais au point où nous en sommes, l’attitude de plusieurs nationaux en matière de politique intérieure, serait plutôt aux antipodes de la logique formelle pure.

 

Les Congolais apparaissent aux yeux du monde extérieur qui nous regarde, comme des gens qui veulent une chose et le contraire de la chose voulue. On aurait tort de rechercher dans ce comportement inadmissible une origine populaire ; le peuple de la République Démocratique du Congo veut absolument que le pays puisse recouvrer entièrement la paix qui lui a échappé pendant des nombreuses années. Ce sont les hommes politiques qui trouvent un malin plaisir à saborder les efforts des hommes comme le Général Numbi. Ces critiques intolérables n’ont aucune portée politique car en dehors des vociférations de cette catégorie des Congolais qui donnent l’impression de ne pas savoir se diriger politiquement, il n’y a aucune solution alternative proposée par ces boute feux.

 

John Numbi qui est conscient de son rôle historique ne s’est jamais départi de son calme ; il n’a jamais répondu aux provocations qui l’ont ciblé depuis le début de sa mission à hauts risques. Cet homme est entrain d’écrire une partie de l’histoire des pays des Grands lacs, car bientôt ces pays vont passer à la vitesse grand V dans la voie de la normalisation politique et du décollage économique.

Le développement des pays des Grands Lacs ne se fera pas de manière isolée

 

Actuellement dans la région des Grands lacs il est question du dégel des relations diplomatiques, car comme on dit, après la pluie vient le beau temps. Après une ancienne période de paix et de tranquillité, la guerre a tout bousculé. Avec elle sont nées des revendications et des idéologies fabriquées pour les besoins d’une cause douteuse, l’irrédentisme des uns et le repli sur soi des autres. Ce conflit a montré ses limites, en sus des énormes destructions qu’il a occasionnées.

 

Autre époque autres mœurs. Les dirigeants du Rwanda et de la RD Congo sont condamnés à vivre en bonne entente ; mieux ils doivent transcender leurs divergences de vue pour arriver au point de non rupture, c’est-à-dire au stade d’établissement des relations diplomatiques. Cette volonté politique est en effet présente dans tous les pays qui ont pris part à la dernière guerre des Grands lacs africains. Ils sont encouragés dans cette voie par les parrains internationaux qui soutiennent le processus de démocratisation dans ces pays. Entre cette raison d’Etat et la volonté d’instaurer une paix durable, il y a les intérêts économiques qui viennent boucler la boucle.

 

A titre illustratif, le gaz méthane qui se trouve dans le lac Kivu est un bien commun qui nécessite une exploitation en commun. On sait que Kigali a droit à un tiers du patrimoine alors que la RDC a droit aux deux tiers de cette richesse. La condition sine qua non pour que les bailleurs de fonds mettent des fonds à la disposition de Kinshasa pour commencer l’exploitation de son côté du lac, est une normalisation des relations entre les deux pays.

 

Si on doit suivre la logique des jusqu’au-boutistes friands du sensationnalisme dans les discours, on doit se croiser les bras et regarder le Rwanda se remplir les poches, ou essayer de le vaincre militairement pour s’approprier la totalité du minerais, ce qui est internationalement impossible à réaliser car la communauté des nations mondiales s’opposerait fermement à ce projet, comme elle s’était opposée à Hitler soixante ans plus tôt.

 

Si on met aussi en veilleuse l’exploitation de ce gaz méthane, il risque de faire jaillir des émanations sulfureuses qui tueraient en un temps record des milliers de citoyens qui habitent à proximité du lac, comme ce qui est arrivé au Cameroun il y a plusieurs années lorsque le lac Nioss est entré en ébullition, dévastant les populations riveraines. Voilà qui doit faire réfléchir les plus fous des Congolais. Par ailleurs il est assez étonnant pour un pays moderne qui veut s’ouvrir les portes de la mondialisation, de chercher à vivre concomitamment, dans un ostracisme suicidaire. Les peuples du nord et sud Kivu ont connu depuis la nuit des temps l’interpénétration culturelle. On feint d’ignorer cet état pour mettre en avant la question des identités aussi rétrogrades qu’archaïques. Ces cousins à qui l’on force la main, en ont assez de faire le jeu des politiciens qui tirent profit des guerres et conflits ininterrompus qui ont ensanglanté la région, pour aspirer à la paix et à la concorde civile.

 

Voilà pourquoi il est primordial d’encourager et de porter à bras le corps les hommes comme le Général John Numbi qui montrent une grande lucidité dans l’analyse des questions des Grands lacs et du continent africain tout entier.

L’Avenir

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