RDC: De Léopold II à Kabila II, naissance et mort d’une nation.

Ange Michel Murangwa

muramliz@yahoo.com

 

 02/05/10                                                                                                                             

 

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Monseigneur Mosengwo Pasinya, alors Président de la Conférence Nationale Souveraine, crut devoir faire taire un illumine qui pensait que la solution la meilleure pour le Peuple Congolais serait de vendre le pays et de partager équitablement le fruit de la vente entre tous les citoyens, sous la supervision de l’Onu.

Ces mots furent rire les honorables conférenciers, firent rire Mobutu, Mosengwo, et Tshisekedi.  Pendant qu’ils riaient, le libérateur-liquidateur marchait sur Kinshasa. Il s’appelait Laurent Désiré Kabila.

Il est naturellement évident que ceux la qui s’abreuvent aujourd’hui à la mangeoire nationale sont loin de regretter Mobutu, mais le plus que jamais clochardisé congolais est sans nul doute conscient que  la cacophonie de la Souveraine Conférence et les agressions rwando- ougandaise qui portèrent Kabila I au pouvoir n’auront été  que deux intermèdes avant la mise à mort du taureau.

Le sage général Janssens n’est plus de ce monde pour nous concocter une  nouvelle formule arithmétique pour décrire la situation du reste indescriptible du Congo.  Mais faut-il être aussi ingénieux que lui pour constater que le Zaïre de Mobutu est encore égal au Congo enrichi depuis, d’un sinistre exposant zéro ?

Ceux la qui croient avoir une réponse à tout ont cru, en toute sincérité je n’en doute pas, que le départ du Léopard allait être la panacée de tous les maux du Zaïre.  Il n’est plus, voici déjà près de deux décennies… S’il a laissé le pays au bord du gouffre, le changement l’y a précipité.

Le fier Zaïre a courbé à jamais l’échine et rien ne laisse présager que le Congolais redresse son front de si tôt.  Avant Mobutu comme après Mobutu.

Certains Congolais  s’échinent encore à imaginer des solutions pour une Nation Congolaise qui n’existe pas. On soigne une personne quand elle est malade, pas pour son non-être.   Le Congo n’est pas une Nation, ne l’a jamais été et ne pourrait le devenir.  Tous le savent et tous veulent faire semblants.

Le Congo n’est rien de plus ou de moins qu’un Non-État, Il n’est qu’une espace géographique et géologique d’exploitation internationale, accessoirement habitée  par une population particulière en son genre. That’s the problem! Le Congo  c’est la Lune, une zone sous- marine dans des eaux internationales que personne ne peut revendiquer de droit.

L’Etat Congolais a existé à trois reprises dans l’Histoire et chaque fois de par la seule volonté de l’Occident. Léopold II de Belgique, l’Etat Belge, et ensuite les Etats-Unis. Beaucoup semble ignorer cette situation…

Lisons sans complaisance, l’histoire du Congo-Zaïre.

Le Congo c’est cette contrée que les Portugais découvrent, au 14ème siècle. Un puissant royaume ou les princes sont prêts à  vendre des cargaisons entières de leurs sujets pour des miroirs, des mouchoirs.

Les affaires y florissaient si bien pendant deux siècles, que bientôt faute de marchandises, les princes furent obligés de s’entre vendre eux même. Quand Livingston débarque dans la contrée il n’y trouve que des tares.  Les hommes valides s’en étaient allé cultiver le mais et le coton en Amériques.

Etat indépendant du Congo, domaine privée du Roi Léopold II.

leopold_ii.jpgEn créant l’Etat Indépendant du Congo, Le Roi Léopold II était loin de penser ou de se soucier à l’amalgame des tribus sauvages qui s’entremangeaient occasionnellement et se vendaient périodiquement dans  l’espace géographique qu’il voulait sien. Léopold II ne s’émeut outre mesures pour les 450 tribus qu’il force ensemble pour former une Nation ex-Nihilo.

Pour sa cueillette de caoutchouc, Le « bon » Roi devait bien entendu protéger la gratuite main d’œuvre et pour ce faire, il dut entreprendre une croisade contre les Arabes et autre arabisés qui décimaient village après village à la recherche d’esclaves. Il finira par ailleurs à trouver un terrain d’entente avec leur chef Tipo-Tipo qu’il nommera Gouverneur de la province Orientale !

La police administrative de cet Etat fut confiée à une multitude de compagnies commerciales intéressées par l’ivoire et autres fabuleuses richesses naturelles qui se révélèrent par suite. Ces sociétés dite à charte créèrent des milices, levèrent des impôts en nature qui enrichirent outrageusement le Roi Belge.

Les rivalités interreligieuses entre missionnaires catholiques Belges et protestants Américains amenèrent ces derniers à dénoncer les excès de Léopold II et de ses sociétés à chartes. Le poids des Etats  Unis (déjà) mit à genoux le Roi qui dut « céder » son domaine africain à l’Etat Belge. 

La Colonie du Congo-Belge.

Le mot « céder » couvre en fait une transaction financière plutôt juteuse pour le roi des Belges. La Belgique achète donc l’espace  Congo  comme on achète une ferme avec vaches et moutons …Les habitants du Congo n’entendirent  jamais parler de cette vente, et pour cause !

A partir de 1889, La Belgique qui évaluait à leur juste valeur les richesses qu’elle pouvait tirer de sa colonie mit en place une forte organisation  de gestion moderne et se força autant faire se peut de civiliser les sauvages tribus qu’elle avait hérité.

L’administration fut évidement fortement centralisée dans le souci de limiter le personnel Européen qui faisait défaut. Au fur et à mesure que les indigènes sortaient des écoles, des fonctions subalternes furent confiés aux auxiliaires indigènes dits « évolués » qui sortaient de milieux tribaux différents.

Habitant la ville, ceux-ci commencèrent évidement par recréer des noyaux sociaux à l’image de leurs origines tribaux.  Il y eu dans une ville comme Kinshasa des quartiers Bakongo, Mongo,  Baluba, Bayaka, etc.

C’est peu à peu que les gens apprirent par la force des choses à se regrouper en fonction de leurs districts d’origine, par leur province, et ensuite par les langues du pays que le Colonialiste avait imposé dans les écoles et dans l’administration.  Il va de soit que le Belge ne pouvait se forcer d’apprendre les quelques deux cents quatre-vingts idiomes parlés sur le territoire Congolais.

A coup des matraques et autres fimbos, les Belges mirent leurs noirs sujets au travail et développèrent le pays dans bien  des secteurs  clefs.  Si les indigènes ne furent pas associés à la gestion de leur développement, Il faut reconnaitre aujourd’hui que les Belges se soucièrent réellement du bien de leurs noirs-enfants.

Force est de constater que le Congo n’a jamais eu depuis 1960, un seul gouvernement qui se soucia réellement  du social de ses sujets. Les Hôpitaux, les Ecoles, les Camps Militaires ont été souvent badigeonné de couleur et changé de nom …Mais tout a été construit par le colonialiste Belge !

Le Congo pouvait se vanter à son Indépendance d’un niveau que les autres colonies n’atteignirent que bien plus tard après l’ère des colonisations, pendant que lui avançait à reculons.

Pourtant les mines tournaient au maximum. Les  gouvernants Congolais qui se sont scandaleusement enrichis à tour de rôle seraient aujourd’hui incapable de pointer du doigt un seul Gouverneur Belge qui serait devenu millionnaire au Congo !

Il a été souvent reproché à la Belgique d’avoir crée la division parmi les différents tribus du Congo pour maintenir la colonisation. On ne prête qu’au riche évidement, mais cet aspect machiavélique ne suffit pas pour expliquer en sa totalité le manque de volonté naturellement affiché par les Congolais ou tout simplement leurs incapacité a se tolérer et transcender leurs différences pour vivre ensemble en respectant les droits de chacun, pour former une Nation.

Comme partout ailleurs en Afrique, l’armée congolaise (Force Publique) fut la seule à intégrer presque totalement les différentes tribus qui la composaient. Elle était soumise a une discipline de fer et à des lois sociales imposées par le Belge, parlait une langue unique, le lingala.

La Belgique fut pratiquement le seul pays Européen à sortir de la Deuxième Guerre Mondiale avec une économie largement excédentaire. Le Congo avait été littéralement été pressurisé pour ce qui était appelé « L’Effort de Guerre » Les critiques internationales mirent la Belgique à une marche forcée de développement pour sa Colonie.

Malheureusement, les cours des minerais étaient tombés à leur niveau le plus bas et tardait à se relever. En 1957, la Belgique commençait déjà à prélever sur ses réserves monétaires pour parachever les travaux qu’elle avait entamés au Congo. C’est donc plutôt avec un ouf de soulagement qu’elle sentit souffler le vent des indépendances en Afrique.

Vaille que vaille, les Congolais  firent mis à l’école de la démocratie pour assumer les rôles politiques révolus alors aux seuls Belges. Des conseillers mirent sur pied des Partis Politiques qui  aussi tôt crées se tropicalisèrent pour devenir des associations tribales.

C’est dans un esprit de chacun pour soi et indépendance pour tous que s’ouvrit la fameuse table ronde de Bruxelles. Une table ronde pour rire.

Ils eurent du bon temps les Bruxellois en voyant débarquer ce lot des noirs bon-enfants venus pour négocier l’Indépendance comme d’autres s’en vont enfoncer des portes ouvertes…

Le gouvernement Belge se plia en quatre pour accueillir ces drôles  hôtes de marque. Les filles de joies blanches furent payées au double tarif par l’Etat pour ne pas faire trop attention à la couleur de ces messieurs des tropiques. Le champagne coula à flot.  La simpliste indépendance ne fut pas difficile à arracher.

Des conseillers blancs formèrent à la va-vite un gouvernement qu’ils croyaient pouvoir diligenter depuis Bruxelles. Le 30 juin 1960, Le beau et bon Roi des Belges fut le déplacement, émancipa ses  grands enfants et y perdit son épée.  Mémorables discours mais une fausse note, un lunatique Lumumba crut être chef et diriger pour de vrai… C’est  lui qui fut dirigé vers le Katanga d’où il ne revint jamais.

dag_hammarskjold.jpgLe Katanga fut le premier à se désolidariser de tous les troubadours de Kinshasa alors Léopoldville, en déclarant l’Etat Libre du Katanga.  A Mbuji-Mayi, le Mulopwe (Empereur) Kalonji décréta l’Empire du Kassaï.  Les Lumumbistes Kisangani et Le Kivu créèrent une République Socialiste Indépendante et pour ne pas être en reste, l’Equateur créa l’éphémère République de Mongolie.  Ce fut le chaos, le Congo n’existait plus que dans les traités de géographie…

Les Etat Unies d’Amérique ne manquèrent pas d’évaluer les  risques que ce chaos dans le champ minier du Congo pouvait entrainer pour son monopole d’achat de cobalt, de cuivre et de l’uranium. Les congolais se faisaient courtiser par l’Urss et risquait de tomber dans son camps. L’aventure d’un Katanga indépendant n’offrait aucune garantie et les pressions des pays membres de l’Onu exigeaient de sauvegarder l’unité du Congo. Les USA y mirent le paquet.

Le plus gros contingent militaire dans les annales de l’Onu fut déployé sur l’ensemble du territoire Congolais pour mater la sécession Katangaise et mater les velléités  séparatistes des provinces, districts et pratiquement de tous les villages de ce qui avait été le Congo. Personne ne voulait pratiquement reconnaitre l’autorité d’une autre personne venant d’une autre tribu…Le Congo était et reste un cas particulier en Afrique. Le Secrétaire général de l’ONU, Dag  Hammarskjöld (1905-1961), y sacrifia sa vie.

Les Etats Unis comprirent finalement que le mot démocratie ne signifiait rien pour le congolais.  Il fallait de l’ordre à tout prix et la seule personne à même d’assurer cet ordre ne pouvait venir des rangs de ces apprentis politiciens dont le comportement enfantin avait fini par lasser.

L’Etat du léopard du Zaïre-Mobutu.

papa_marechal_mobutu.jpgLa puissante CIA sortit de sa manche la solution la meilleure du moment.  Mobutu issue d’une tribu nilotique des Ngbandis de l’Equateur qui avait servi d’ossature à la Force Publique vint au pouvoir en soldat pour mettre au pas une population ingouvernable.

Il inaugura son règne en pendant sans autre raisons valables que pour l’exemple quatre politiciens plus au moins représentatifs des toutes les provinces… Y compris la sienne !

Non à la politique pendant cinq ans, décréta-il sous  la bénédiction internationale et les applaudissements de tous les Congolais.  Mobutu était tour à tour l’avatar noir du Roi Léopold II,  l’incarnation du Bula-Matali, l’autorité colonialiste Belge et se voulait  le Grand-Chef traditionnel de sa grande tribu Zaïre qu’il tenta de créer et faillit réussir.

Il avait adopté le nom du Zaïre à la place du mot Congo qui était devenu internationalement synonyme de Chaos. Mal inspiré fut Kabila qui ramena ce nom !

Le long règne de Mobutu peut se subdiviser en trois périodes. La première couvre la période allant de 1964 à 1970 qui vit le pays s’organiser politiquement et économiquement. Mobutu eut la sagesse de s’entourer des technocrates chevronnés tels les Bisengimana, Nimy, Mokolo, Singa, Mpinga Kassenda, Takizala, Mabolia, Kengo, Mabi Mulumba…

Au cours de cette période des grands travaux furent entrepris et parachevés : L’Inga-Shaba, l’usine métallurgique de Maluku, les usines Goodyear, General Motor, la câblerie métallique du Zaïre, le concentrateur de Kamoto…

Sur le plan politique, Mobutu rassembla tous les Zaïrois au sein d’un mouvement politique, le MPR qui fut appelle à tord le Parti-Etat. Ce mouvement aurait peut-être du se contenter de demeurer un courant philosophique car c’est en tant que tel que le MPR a brillamment réussi en donnant à tous les Zaïrois la conscience et la fierté d’appartenir à une Nation, la Nation Zaïroise qui n’avait jamais existée et qui n’existera plus jamais.

Les ennuis de Mobutu commencent  en 1972 avec son armée. Mobutu croyait comme fer que le peuple Zaïrois l’aimait tout autant que lui-même l’aimait. Jamais il ne se serait attendu à ce qu’il ait en son armée des personnes qui veuillent le renverser.

Mobutu voyait grand, très grand dans tous les domaines, il voulait voir le Zaïre être le premier  en tout, principalement avoir la  meilleure armée africaine. Pour ce faire il envoya dans les meilleurs académies militaires du monde des jeunes officiers sans se soucier de leur origine tribales. C’est ainsi que furent formes les Byamweze, Kalume, Panu-Bule, Buriaba…

En 1972, les Généraux analphabètes de Mobutu prirent peur de ces jeunes majors sortis des académies américaines qui allaient sans doute très vite les remplacer. Les Généraux organisèrent avec les services de sécurité un faux complot pour renverser Mobutu.

Tous ces jeunes majors, principalement d’origine du Kasaï furent arrêtés et trop vite jugés. Il furent exécutés sans l’aval de Mobutu. Le président ne pouvant se défaire de ses généraux, assuma la responsabilité de l’exécution. Mobutu ne fut plus jamais le même et rien n’allait plus être comme avant.

Il est à noter que si la plupart de ces Généraux étaient d’origine de l’Equateur et de Kisangani, les agents des Service de Sécurité qui avaient monté ce faux complot étaient en majorité de la province du Kasaï comme ces jeunes majors.

Pendant la Conférence Nationale Souveraine Mobutu mis Tshisekedi au défit de faire le grand déballage promis à la Nation… Personne n’osa parler, tous  avaient tellement des choses à cacher.

Le faux complot « Coup d’Etat Monté et Manqué » entraîna la plus grosse erreur politique de Mobutu. Presque tous les Officiers  originaires du Kasaï récurent la fameuse « enveloppe »  ce qui signifiait tout simplement qu’ils étaient exclus de l’armée. De cet instant les Kasaiens se démarquèrent de Mobutu et le narguèrent en créant le parti d’opposition Udps.

L’autre erreur fut la remise en question de la nationalité des tutsi d’origine congolaise et ceux d’origine rwandaise qui avaient acquis la nationalité Zaïroise par le décret présidentiel de 1972. Très visionnaire, Mobutu  appela l’assemblée des parlementaire (commissaires du peuple) à considérer tous les effets que leur décision allait entrainer dans toute la Région des Grands Lacs. 

Mobutu se laissa saborder par les parlementaires échauffés. La guerre au Rwanda, le Génocide Tutsi, la horde des Interahamwe dans le Kivu, les viols… ne tarderont pas à prouver la justesse de sa vision.  

Dès 1972, Mobutu amer ne cherchait plus qu’à se maintenir contre vents et marées. Il se détourna de ses grands projets et se mit à investir dans ses réélections et relations. On cherche encore la fortune de Mobutu évaluée à plusieurs milliards de dollars. Elle n’existe tout simplement pas car Mobutu engloutissait ces milliards en achetant  tout le monde, aussi bien au Zaïre qu’à l’étranger.

Ses relations avec les États-Unis prirent un sérieux coup quand son armée s’avéra incapable de  soutenir efficacement  Savimbi malgré tout l’appui matériel qu’il recevait. Mobutu ne valait plus grand-chose après la débâcle de ses troupes Kamanyola aux portes de Luanda. 

La paupérisation du peuple scandalisait tout autant que l’enrichissement des barons de son régime.  Mobutu se mit à cultiver le népotisme, il n’eut bientôt confiance qu’aux personnes issues de sa tribu Ngbandi. Le Mobutu unificateur avait vécu. 

Quand le Mur de Berlin s’effondre sous l’ouragan de la Perestroïka, Mobutu n’est plus qu’une  coquille vide trop arrogant pour les Américains et les Européens.  Pour services rendus, Les Américains cherchèrent à le sortir avec honneur, il eut tord de faire la sourde oreille.

Américains, Belges, Français et Anglais avait fini par oublier que le Zaïre reposait uniquement sur le génie de son créateur, Mobutu. En soutenant  son opposition, ils crurent construire une nouvelle République  véritablement démocratique avec des hommes moins corrompus… Avec qui ? Ou ? Ces hommes n’existaient pas, en tout cas, pas ou on les cherchait.

La Conférence Nationale Souveraine démontra, si besoin encore était, l’incurie des Zaïrois à composer ensemble pour un idéal. Les Conférenciers  appelés pour jeter les bases d’une nouvelle société politique s’entredéchiraient dans la salle à coup d’insultes parfois à coup des poings pour l’argent distribué par les agents de Mobutu.

Les Tutsi congolais furent exclus de la Conférence Nationale pour leurs « morphologies et nationalité douteuse ». L’histoire notera que cette exclusion fut l’œuvre de l’Ambassade de France à Kinshasa qui craignait que les Tutsi ne pèsent de leur poids sur la décision des autorités Zaïroises que la France voulait impliquer militairement dans le soutien à Habyarimana. 

Au Rwanda, les troupes de Mobutu, sous le commandement du général Donat Mayele firent piètre figure devant Kagamé et l’opposition de Mobutu qui s’était impliquée dans cette exclusion, sans en comprendre les enjeux, allait payer cher par sa compromission.

La mendicité battait son plein dans les Ambassades, tous se battaient pour leur propre positionnement dans les futurs  organes du nouvel Etat en gestation, personne ne pensait plus au peuple qu’ils étaient sensés représenter. Tous dansaient, s’amusaient comme des grands enfants devant les représentants des pays occidentaux agacés.  Il fallu bientôt se rendre à l’évidence, Mobutu manipulait bien son monde. Aucun changement ne pouvait venir d’une opposition inconsciente, divisée et gloutonne.

La France dans son soutien aveugle au régime rwandais de Habyarimana redonna des ailes à Mobutu. L’opération Turquoise qui espérait réorganiser l’armée hutue vaincue pour reprendre le pouvoir au Rwanda fit ouvrir les portes du Kivu à une marée humaine de plus de 3.000.000 de personnes avec, comme le décrira si bien Kengo Wa Dondo, leur banques,  leur armement, leur administration…

Mme Habyarimana qui avait été évacuée en France dès la mort de son mari revint en Afrique et s’installa à Kinshasa aux cotés de l’Etat Major de la défunte armée Rwandaise. Personne ne s’est  jamais interrogé sur le pourquoi du séjour à Kinshasa de cette dame « pieuse » qui ne s’était jamais mêlée de la politique. Il est absurde que la France s’acharne encore à nier les motivations à la base de son Opération Turquoise, une autre « erreur d’appréciation » qui allait créer le désastre qui dure jusqu'à ce jour.  

La liquidation.

Il devenait clair pour l’Occident que rien ne pouvait changer au Zaïre. Il ne faut pas être dans le secret des dieux pour constater que le Zaïre était pratiquement ingouvernable dans sa forme et qu’il fallait tout simplement procéder à sa liquidation  comme on liquide une entreprise trop grosse pour créer des entités plus petites et viables, donc faciles à gérer. 

kabila.jpgLe premier Liquidateur officiellement désigné fut Kabila père qui eut le malheur de vouloir s’accrocher sur une chaise fondante… Il tourna cavalièrement le dos aux Etats Unis, tenta de chausser les trop grandes chaussures de Mobutu avec l’aide angolaise et zimbabwéenne et renvoya les armées rwandaise et ougandaise qui l’avait mené au pouvoir. Il réarma les Interahamwe rwandais qu’il avait précédemment  tenté d’exterminer.  Il fut emporté par son manque de sens et ses ambitions démesurées. 

Joseph Kabila le poulain du général James Kabarebe et de l’Occident s’imposa à la place de son père sans difficultés. J’ai eu à rencontré ce sphinx à deux reprises à Kinshasa. J’ai apprécié l’homme qui m’a semblé foncièrement honnête, idéaliste et digne de confiance. La détermination qui se dégageait de lui et que si son « vouloir pouvait »  pacifier le pays, il le ferait à moins de quelques mois. Il ne fait rien pour.

Il serait capable d’opérer tous les changements nécessaires pour créer un grand Congo. Mais il faudra alors recréer une autre dictature. Il n’en fera rien car il ne peut que s’atteler à d’autres « projets ». Tout ce que les gens attendent de lui n’est malheureusement pas dans la description de son job, le job du Liquidateur-en chef.

La suite des événements, vous la vivez. La fin, elle arrive, vous la verrez bientôt avec la fatale reconfiguration géographique de l’Afrique qui ne saurait tarder. 

 

© VirungaNews

 

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