RDC: La MONUC perd du pied dans le dossier des FDLR/Interahamwe.

Eugénie MUHIMA

02/03/07

 

monuc.jpgUne question ne cesse de me déranger depuis le début des opérations des brigades mixées au Nord-Kivu contre les Interahamwe:Pourquoi la MONUC semble-t-elle afficher des réserves contre ces opérations qui, pourtant, visent à résoudre un problème qui était resté comme chimère tant pour la MONUC que pour l’armée régulière congolaise à savoir : éradiquer toute présence des forces négatives dans la partie Est de la république longtemps mise en mal par les exactions de ces génocidaires et autres hors-la-loi étrangers ?

 

Que l'on se rappelle il n'y a pas si longtemps – avant les élections dites "libres, transparentes et démocratiques" – la MONUC, elle-même, se félicitait des opérations similaires que ses contingents menaient contre les Interahamwe dans le parc de Virunga au Nord-Kivu et dans plusieurs localités du territoire de Walungu dans le Sud-Kivu. Toutes ces opérations militaires étaient accompagnées des grandes annonces et conférences de presse, sous les projecteurs du maximum de medias internationaux, au cours desquelles la MONUC se laissait emporter dans les louanges et éloges de ses soldats qui aurait fait preuve de grande bravoure et de noblesse dans l’accomplissement leur mission pendant les opérations contre les Interahamwe. Cette forte médiatisation de ces opérations militaires est un véritable tapage médiatique qui non seulement confère à la MONUC une image de grand défenseur de l'humanité déterminé à exorciser la région des Grands-lacs de tous les démons et mauvais sorts du génocide et de l’intolérance, mais aussi et surtout la manière parfait de laver l’affront après la dérobade de la MINUAR et donc celle de l’ONU face à ses responsabilités en 1994 au Rwanda qui fut à la base de la plus grande calamité humanitaire du siècle à savoir le génocide rwandais avec son lot millionnaire des morts.Que se cache-t-il derrière ces réserves de la MONUC face aux opérations des brigades mixées contre les génocidaires qui insécurisent depuis plus d’une décennie les congolais de l’Est ? Ce que l’on sait du moins est que les opérations militaires que la MONUC avait menées au Nord et au Sud-Kivu contre les Interahamwe étaient sujettes à beaucoup de critiques pour autant que la forte mobilisation en hommes de troupes et en logistique s’est soldée par un résultat insignifiant : peu d’Interahamwe capturé, les assaillants avaient repris le contrôle des zones où ils avaient été délogés et ont perpétré des actes de représailles sanglants contre les habitants de ces contrées, etc. Pendant que les brigades mixées font preuve d’une efficacité impressionnante au cours de leurs opérations qui restent moins coûteuses, elles aboutissent aux résultats escomptés : la sécurisation totale de la zone d’opération, la reddition des centaines d’éléments Interahamwe et leurs alliés et la récupération des zones sous leur occupation. Peut-on dire alors que la MONUC a peur que les brigades mixées ne réussissent là où ses contingents mieux formés, expérimentés, hyper outillés, surarmés et mieux payés ont échoué? Les plus avertis se souviennent qu'au-delà des effets d'annonce et de la grande médiatisation (destinés essentiellement à faire de la publicité en faveur de la MONUC pour justifier le milliard de dollars et peut-être en demander encore un peu plus ), les dites "opérations" de la MONUC étaient dans la plupart des cas annoncées longtemps a l'avance – permettant ainsi aux Interahamwes de faire leurs valises tranquillement et se taper quelques jours de vacances dans le beau paysage touristique de l’Est du pays, octroyant à la MONUC l’occasion de déferler le feu brûlant sur des cases vides et parfois celles des pauvres paysans congolais! Quelques faits marquants me viennent à l'esprit et m'obligent à poser des questions, peut-être, qui fâchent… (la MONUC).L'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Marc de La Sablière, n'a-t-il pas déclaré lors de on dernier séjour en RDC que désormais la question des Interahamwe concernait était congolaise ? S’agissait-il d’une simple déclaration qui visait à couvrir l’inefficacité de la MONUC face aux Interahamwe ou bien à gagner du temps en faveur de l’ennemi ?On se rappellera qu’au cours d’une rencontre militaire tenue à sa résidence à goma avec la hiérarchie de la 8ème région militaire le 05 janvier dernier, le chef militaire de la MONUC dans le Nord-kivu, le général français Christian HOUDET s’était catégoriquement opposé à toute offensive qui viserait le désarmement des miliciens Interahamwe, exprimant ainsi ouvertement la position connue de la France sur cette question. Il n’est un secret pour personne que la France n’est pas prête à lâcher ses alliés de tout temps, les Interahamwe. Quoiqu’il en soit, la question des Interahamwe intéresse au premier chef les congolais que n’importe quel autre citoyen du monde, même le gouvernement rwandais qui, on le sait, avait déclaré en 2005 que les Interahamwe ne constituaient plus une menace immédiate à la sécurité du Rwanda. Il est donc de leur droit voire obligation que les congolais qui demeurent au stade actuel les seules victimes de la présence sur leur sol des Interahamwe, de s’organiser pour non seulement se défendre mais aussi chasser de leur territoire toute présence des forces négatives.Il s’en dégage donc que toute opposition à une opération lancée par l’armée congolaise contre cette présence non désirée cacherait des intérêts obscurs qui sont loin d’être congolais ; surtout lorsqu’elle émane de la France connue pour son rôle actif aux cotés de régime génocidaire du Rwanda et qui protège encore présentement nombre de dignitaires ce régime pourtant recherchés par la justice. Qu’est-ce qui fâche dans ces brigades mixées, serait-ce le promoteur de l’idée du mixage, la composition des brigades mixées, ou alors le fait que leur constitution n’aurait pas permis à ses opposants de rafler un autre milliard aux contribuables à travers le monde et se faire pleines les poches ?Craindrait-on qu’en accomplissant leur devoir patriotique avec dévouement, fierté et sacrifice suprême, les brigades mixées enlèvent aux contingents étrangers tout prétexte de se taper continuellement l’argent des contribuables, lorsque on sait que les témoignages des congolais attestent que ces contingents passent leurs journées à se prélasser sur la belle flore du Congo accompagnées des jeunes filles mineures et, à jouer aux épouvantails en exhibant à longueur des journées leurs muscles devant les caméras des chaînes internationales. A notre avis, les brigades mixées qui relèvent ainsi le défi contre les forces négatives en faveur de la population civile, des FARDC et de la MONUC dont la mission première est la protection de la population civile, devraient avoir droit au même manteau de « héros » réservé « aux vaillants soldats de la paix », le contraire serait interprété comme un acte éloquent et probant d’une volonté manifeste de refuser aux congolais la constitution d’un des symboles de sa souveraineté à savoir la formation d’une armée forte, disciplinée et capable d’assurer la sécurité de tous les congolais et la protection de l’ensemble du territoire national.

Eugénie MUHIMA,

Institutrice à Nyamilimawww.kivupeace.org

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