RDC: la ville de Kanyabayonga désertée, de nombreuses maisons pillées.

AFP

18/11/08

 

pillards_fardc_2.jpgLa ville stratégique de Kanyabayonga, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), était désertée de ses habitants mardi, avec de très nombreuses maisons pillées, a constaté une journaliste de l'AFP.

Située à une centaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, cette agglomération d'environ 50.000 habitants avaient des allures de ville morte mardi matin.

Magasins, marchés et bâtiments publics sont fermés. Seuls quelques groupes de soldats, désoeuvrés et kalachnikov en bandoulière, déambulent dans les rues.

La plupart des habitations, en brique ou en torchis, sont également fermées, mais beaucoup ont leur porte d'entrée ou leurs volets fracturés, et semblent avoir été visitées.

La très grande majorité de la population a fui dans les forêts environnantes pour échapper aux exactions des militaires des Forces armées de la RDC (FARDC), mais également dans la crainte d'une attaque des rebelles de Laurent Nkunda, positionnés en périphérie sud de la ville, selon les témoignages des rares habitants encore sur place.

Ceux qui osent s'aventurer de jour dans la ville, des hommes pour la plupart, circulent avec des ballots à la main, et viennent essayer de récupérer quelques vivres dans les parcelles entourant les maisons, avant de repartir en brousse.

Selon l'ONU, toute la région de Kanyabayonga avait été la semaine dernière le théâtre de pillages et d'exactions "à grande échelle" perpétrés par des éléments des FARDC, mécontents et paniqués d'un redéploiement opérationnel plus au sud sur la ligne de front.

Des miliciens pro-gouvernementaux Maï-Maï, membres d'un groupe baptisé Pareco (Patriotes résistants congolais), s'étaient alors opposés, les armes à la main, aux pillages et à la fuite de ces militaires de l'armée régulière, faisant au moins trois tués.

Selon des habitants de Kanyabayonga, interrogés ce mardi, une nouvelle vague de pillages a eu lieu dimanche. La plupart des maisons ont été visitées par des soldats des FARDC, qui ont même dépouillé des familles réfugiées en brousse à quelques kilomètres de là.

Les pillards emportent matelas, ustensiles de cuisine, les vivres, des animaux, ainsi que des motos et des vélos, ont précisé les témoins.

Mardi, de nouveaux incidents impliquant des éléments des FARDC et Pareco ont éclaté à une vingtaine de kilomètres au nord, dans les localités de Kayna et Kirumba, où régnait la plus grande confusion, selon plusieurs sources, qui ont fait état de nouveaux pillages perpétrés par les soldats de l'armée régulière.

La rébellion de Laurent Nkunda n'est pas impliquée dans ces violences, et la ligne de front séparant rebelles du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et armée régulière est située à une dizaine de kilomètres au sud de Kanyabayonga.

Le commandant de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), le général sénégalais Babacar Gaye, se trouve actuellement à Kanyabayonga "pour évaluer la situation", a indiqué à l'AFP le porte-parole militaire de la force onusienne, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.

Les casques bleus de la Monuc continuent de donner un appui logistique aux FARDC qui ont renforcé leurs positions sur place, selon ce porte-parole.

 

 

AFP

Leave a Reply