Rose Kabuye: Je n’ai pas peur car je suis innocente.

AFP

20/11/08

 

paul_kagame_and_rose_kabuye.jpgRose Kabuye, une proche du président rwandais, a été mise en examen mercredi à Paris pour complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste dans l'enquête sur l'attentat contre le président Habyarimana en 1994, et laissée libre sous contrôle judiciaire.

Dans ce dossier qui empoisonne les relations entre Paris et Kigali, une incarcération de la chef du protocole de Paul Kagame aurait été, selon des sources proches du dossier, très mal perçue au Rwanda, où les manifestations les plus importantes depuis le génocide se sont déroulées mercredi.

Transférée en début d'après-midi d'Allemagne vers la France, Mme Kabuye, 47 ans, a été mise en examen dans la soirée par le juge Marc Trévidic pour complicité d'assassinats et association de malfaiteurs, le tout en relation avec une entreprise terroriste, selon une source judiciaire.

Le juge la soupçonne d'avoir pris part à l'attentat le 6 avril 1994 contre l'avion de l'ancien président rwandais, Juvénal Habyarimana, signal déclencheur d'un génocide qui a fait selon l'ONU environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie.

Sa mise en examen, qui intervient alors que le juge s'apprêtait à clore son enquête, lui confère accès aux éléments du dossier d'instruction ouvert en 1998. Elle nie les faits qui lui sont reprochés, selon ses avocats.

Dans la foulée elle a présentée à un juge des libertés et de la détention (JLD) qui l'a laissée libre sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet.

Ce contrôle lui interdit de quitter la France sans autorisation et l'oblige à répondre à toute nouvelle convocation des juges.

"Une décision raisonnable", ont salué ses avocats Mes Léon-Lef Forster et Bernard Maingain sous les cris de joie d'une dizaine de Rwandais présents.

"Nous étions réellement dans l'angoisse de la décision qui allait être prise: sur le plan humain pour la personne qui est concernée et pour l'ensemble du Rwanda dans sa reconstruction", a affirmé Me Forster.

L'avocat de la veuve du président assassiné s'est pour sa part dit "stupéfait" par la position du parquet.

"On a l'impression que par cette décision, les autorités françaises tentent de ménager, si c'est encore possible, les relations avec le Rwanda", a affirmé à l'AFP Me Philippe Meilhac.

Les chefs de mise en examen de Rose Kabuye correspondent à ceux qui avaient été notifiés dans le mandat d'arrêt international lancé à son encontre et contre huit autres Rwandais en novembre 2006 par le juge français Jean-Louis Bruguière.

Dans la foulée de l'émission de ses mandats d'arrêt, Kigali avait rompu ses relations diplomatiques avec Paris, déjà extrêmement tendues depuis le génocide, le Rwanda accusant la France de complicité avec les auteurs des massacres.

Rose Kabuye avait été arrêtée le 9 novembre à l'aéroport de Francfort, sur la base de ce mandat d'arrêt. Son interpellation puis sa remise aux autorités françaises ont donné lieu à d'importantes manifestations au Rwanda organisées, selon le gouvernement rwandais, par des associations de la société civile.

Paul Kagame avait dénoncé des accusations "sans fondement" contre Mme Kabuye et laissé planer la menace de "mises en accusation" de personnalités françaises mises en cause par Kigali pour leur rôle présumé dans le génocide.

Le président rwandais avait par ailleurs déclaré lundi que la présentation de Mme Kabuye devant la justice française allait permettre que "l'abcès soit crevé". "La question sera résolue, d'une façon ou d'une autre", avait-il ajouté.

 

 

AFP

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