Trafic d’or dans l’est de la RD Congo: implication possible de militaires.

AFP

09/02/11

 

aeroport_de_goma.jpgKINSHASA — Les autorités de la RD Congo tentaient mercredi de faire la lumière sur une affaire de trafic d'or –portant sur plus de 300 kg de métal précieux–, dans l'est du pays, où le commerce illicite de minerais alimente le conflit armé.

Un Américain, un Français et deux Nigérians ont été interpellés à Goma (est), le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans le cadre de cette affaire, et la participation de militaires a été évoquée par des sources concordantes.

L'avion qui a amené les quatre personnes mises en cause à Goma, un petit biréacteur fin et tout blanc est immobilisé sur l'aéroport la ville, près du parking des hélicoptères de la mission de l'ONU en RDC.

Le jet, immatriculé aux Etats-Unis sous le numéro "N886DT", a atterri le 3 février en début d'après-midi, en provenance d'Abujan, au Nigeria.

 

Le 6 février, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a annoncé dans un communiqué l'immobilisation de l'avion et l'arrestation des quatre passagers, qualifié d'"hommes d?affaires", venus à Goma "avec des millions de dollars" pour acheter de l'or. Les circonstances exactes de leur arrestation restent confuses.

Le lendemain, M. Paluku a évoqué un "joli coup de filet" réalisé par les "services spécialisés", et précisé que les "enquêtes se poursuivent pour identifier les acteurs locaux, nationaux et internationaux qui déstabilisent toute la région", qui regorge de minerais (cassitérite, coltan, or…) dont le trafic illicite participe au financement de groupes armés toujours actifs.

L'exploitation artisanale des mines et l'exportation des minerais a été suspendue dans la région depuis cinq mois par le chef de l'Etat congolais, Joseph Kabila, qui avait dénoncé l'activité de "groupes mafieux".

Les quatre hommes interpellés ont été placés dans l'un des meilleurs hôtels de Goma, où ils sont surveillés par les services de sécurité.

Une source militaire a affirmé mardi à Goma que des militaires, ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés à l'armée début 2009, avaient été contactés par les trafiquants courant janvier et auraient "accepté d'aider ces voleurs, dans le but de les attraper".

Mais une source onusienne et des quotidiens congolais avancent que les ex-rebelles seraient directement impliqués dans le trafic, notamment un de leurs anciens chefs, Bosco Ntaganda, aujourd'hui général dans l'armée congolaise et basé à Goma.

Des ex-CNDP sont régulièrement accusés de faire du commerce illégal de minerais, au même titre que les groupes armés qu'ils combattent.

Le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende a indiqué à l'AFP qu'il était "possible" que des militaires soient impliqués dans le trafic d'or, mais a mis hors de cause Bosco Ntaganda.

Les autorités se refusent par ailleurs à indiquer si des pourvoyeurs d'or ont été arrêtés, alors que la transaction a effectivement bien eu lieu.

La quantité de métal précieux récupérée reste imprécise et varie selon les sources entre 310 kg (M. Mende), 435,6 kg (M. Paluku) et 456 kg (selon une source militaire).

Selon M. Mende, les trafiquants présumés ont dit aux enquêteurs avoir donné 6,5 millions de dollars en échange de l'or, mais seulement 1,8 M USD a été récupéré. La presse congolaise soupçonne Bosco Ntaganda et ses hommes d'avoir récupéré une partie de l'argent.

M. Paluku a également laissé entendre que l'argent récupéré était constitué de faux et de vrais billets.

 

 

 Emmanuel PEUCHOT

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