UN ROI ALGERIEN AU CONGO, AU NOM DE LA MONUC.

Bahati Amani

25/02/08

 

kemal_saiki.jpgDepuis quelque temps, on assiste à un échange des propos entre le porte-parole de la Monuc et les instances dirigeantes du mouvement politico-militaire congolais CNDP. Cet échange est lié à des écarts de langage de la part du porte-parole de la Monuc, Monsieur Kemal Saiki qui confond profession et passion. A temps et à contre temps, ce Monsieur accuse le CNDP de violations graves des droits de l’homme, à travers des preuves
fournies par des miliciens
locaux. Les propos démesurés du porte-parole de la Monuc suscitent une sérieuse interrogation sur la capacité de ce Monsieur à jouer ce rôle dans un pays en conflit ? Kemal Saiki, un homme à la carrure respectable commence à dépasser les limites du tolérable, par ses propos déréglées.
Il confond la RDC à un pays où tout va bien et où on peut se permettre de dire n’importe quoi sans que cela n’aie aucun impact sur l’évolution nationale. Le vrai problème, c’est la non-existence d’un Etat autonome en RDC.

Dans un pays où les institutions fonctionnent normalement, un citoyen étranger, bien qu’il soit membre de l’ONU, ne peut se targuer le kilo de dire n’importe quoi jusqu’à entacher le processus de paix en cours. Je suis tenté de donner raison à certains compatriotes qui disent que " la RDC est dirigée par un étranger,  c’est pour cela que tous les étrangers viennent faire de notre pays ce qu’ils veulent et dire n’importe quoi." Monsieur Kemal Saiki est un Algérien. C’est-à-dire qu’il sait bien le sens du terme « patriote ». Son propre pays, après les attentats qui ont eu lieu à Alger le 11 décembre 2007, le gouvernement de son pays a refusé de donner aux Nations Unies l’autorisation d’ouvrir une enquête sur cette affaire, alors qu’on déplorait la mort de 18 fonctionnaires des Nations Unies et plusieurs civils innocents. C’est au nom du respect de sa souveraineté que l’Algérie a refusé ladite commission d’enquête souhaitée par les Nations Unies. Mais comme certains fonctionnaires de la Monuc considèrent la RDC comme
une république bananière sans structure ni autorité, surtout au fait que ce pays n’arrive pas à s’imposer au plan international, ils se considèrent comme le super gouvernement internationalement reconnu de la RDC.

En tout cas, Monsieur Kemal Saiki doit savoir que l’exercice de la parole dans un Etat en conflit, ne peut être pareil que dans un Etat normal. La RDC est un pays dont le conflit reste latent. Tous les efforts doivent donc être consentis pour une véritable réconciliation nationale. Sinon, le cercle vicieux va se poursuivre et même la Monuc avec son contingent de 17.000 soldats ne sera pas en mesure d’éteindre le feu qu’elle aura allumée. Quand on est porte-parole d’une institution, on tourne sa langue sept fois dans sa bouche, avant de dire n’importe quoi. Mais, Monsieur Kemal Saiki, se comporte comme un roi en pays conquis. Pourtant, il n’ignore pas que, les Nations Unies n’ont de pouvoir que leur confère les Etats. Lorsque, après avoir perdu ses 18 fonctionnaires et que plusieurs civils algériens soient tués, l’ONU ne s’est pas introduit dans les affaires intérieurs de l’Algérie. Elle a demandée l’autorisation de mener une enquête, juste pour voir si l’incident pouvait être évité ! Mais l’ambassadeur d’Algérie à l’ONU a été très clair sur la question. Il a rencontré le chef de cabinet de Ban Ki Moon et lui a signifié ce qui suit : « L’Algérie s’oppose à la mission d’enquête de l’ONU sur son territoire. Si cette mission est constituée, l’Algérie ne coopérera pas. Les experts internationaux ne seront pas le bienvenus dans le pays. » Cette attitude du gouvernement algérien est légitime et responsable. Malgré le coup et le choc, l’ONU n’a pas usurpée de quelque pouvoir que ce soit. Ce qui se passe en RDC c’est exactement le contraire. Comme la plupart des animateurs de la scène politique congolaise sont des gens à la quête du pain quotidien, ils acceptent n’importe quoi, jusqu’à permettre à n’importe qui de dire n’importe quoi. Une source sale ne peut que donner de l’eau sale. Et si on boit cette eau, on tombe malade. Monsieur Kemal Saiki est allé puiser dans une source sale et il voudrait que son eau soit propre : c’est impossible. Il se donne même le kilo de déclarer comme un dieu des enquêtes que : « toute autre enquête qui sera menée, aboutira au même résultat. » Cela montre jusqu’à quel point ce Monsieur pense qu’il est le seul capable de mener une enquête viable et vérifiable. Il ignore que le silence est une forme d’expression qui parfois, parle plus que les mots. Profitant de l’audience que lui accordent les destructeurs de la RDC en poste à Kinshasa, dans un gouvernement qui assassine en permanence le peuple congolais, le porte-parole de la Monuc va jusqu’à hypothéquer les efforts de paix sans se faire inquiéter par qui que ce soit. Il se comporte vraiment comme un roi algérien dans un pays conquis. Si Monsieur Kemal Saiki était un vrai porte-parole, sûr de ses propos, il se serait tu, pour laisser la nouvelle commission exigée par le CNDP, donner ses conclusions. Mais en influençant cette nouvelle commission qui n’a pas encore vu le jour, il se reproche de quelque chose. Il est vrai, le roi Algérien règne en RDC, mais son règne ne sera pas éternel pour la simple raison qu’il est étranger et il ne peut prétendre aimer la RDC plus que les congolais eux-mêmes. S’il existait un gouvernement responsable en RDC, ce Monsieur serait prié de quitter immédiatement le territoire nationale, car il met en danger le processus de paix. 



La RDC ne doit pas continuer à être ce vaste territoire où viennent s’exhiber tous les retraités. Tous les anciens fonctionnaires qui ont atteint l’âge de la retraite dans leurs pays sont envoyés en RDC sous le couvert des Nations Unies. Au lieu de se calmer et de faire tranquillement leur boulot, sans s’ingérer dans les affaires intérieurs de la RDC, ils se permettent n’importe quoi. On voit le Soudan refuser la présence onusienne sur son sol sans que personne ne le condamne. L’Erythrée vient de chasser les fonctionnaires de l’ONU suite à leur partialité, mais elle demeure membre de l’
ONU. Les exemples abondent dans ce sens, mais le peuple congolais doit se réveiller et savoir que, la communauté internationale est là pour faire la volonté des congolais. Il n’appartient pas à cette fameuse communauté de venir imposer au peuple congolais ce qu’il doit faire de son pays. Ce qui exige une sérieuse prise de conscience au plan national. Mais cette communauté internationale, représentée par la Monuc en RDC doit de son côté, user de bonne foi, pour aider le peuple congolais à bâtir sa nation. Cela doit se faire, non pas en profitant des limites humaines et intellectuelles des
dirigeants actuels, mais en acceptant de participer, dans la limite de leurs moyens et de leur mandat, à la mise en place d’un Etat normal au cœur de l’Afrique. Si ce n’est pas le cas, les bailleurs de fonds vont se fatiguer, et les milliards qu’ils enterrent chaque jour dans une situation dont le résultat tarde à venir s’estomperont. Monsieur Kemal Saiki qui abuse de sa langue facile pour impliquer la Monuc dans des allégation inspirées par Monsieur Munyamariba, chef de la milice Pareco, ferait mieux de travailler pour la réconciliation et la paix
. Comme « la langue peut tuer plus que les armes »
, il est temps que les responsables de la Monuc comprennent que la construction d’un Etat de droit en RDC ne passera pas par des dénonciations calomnieuses.

La RDC a besoin d’un processus de réconciliation et d’une bonne gouvernance vraies. Tout le reste ne contribuerait qu’à perdre du temps.

www.kivupeace.org

 

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